La faillite morale du procureur de la Cour pénale internationale et l’attitude honteuse de la France

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La faillite morale du procureur de la Cour pénale internationale

L’ÉDITO DE LUC DE BAROCHEZ. En mettant dans le même sac des chefs terroristes et des dirigeants démocratiques, le procureur de la Cour alimente la propagande antisémite et décrédibilise son institution.

Par Luc de Barochez

Le procureur de la CPI, Karim Khan, le 22 avril 2024 au Venezuela.
Le procureur de la CPI, Karim Khan, le 22 avril 2024 au Venezuela. © Leonardo Fernandez Viloria / REUTERS

Le mandat d’arrêt proposé par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, visant le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, est une bombe à fragmentation susceptible d’avoir un impact ravageur en Israël, au Proche-Orient, en Europe, aux États-Unis, mais aussi pour l’avenir de la justice internationale elle-même.

L’action envisagée par Khan est perverse, car elle met dans le même sac des terroristes – les trois chefs du Hamas accusés d’avoir organisé le pogrom du 7 octobre 2023 en Israël – et deux dirigeants élus d’un État démocratique, tous accusés pêle-mêle de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ».

Leur inculpation simultanée témoigne d’une faillite morale du procureur de la CPI car il n’y a pas d’équivalence possible entre, d’un côté, un massacre de masse intentionnel et prémédité accompagné de viols, enlèvements et actes de barbarie, et de l’autre, la tentative d’un État agressé de se défendre, de capturer les commanditaires du forfait et de libérer les otages.

En outre, les preuves matérielles abondent pour étayer les crimes du Hamas, qui a non seulement revendiqué l’agression du 7 octobre, mais qui l’a lui-même documentée par de nombreuses vidéos et qui a prévenu qu’il récidivera dès qu’une occasion lui en sera offerte. En revanche, ce qui est reproché aux dirigeants israéliens n’est pas prouvé, bien au contraire !

Deux poids, deux mesures ?

1. Affamer délibérément des civils ? Israël a laissé passer des milliers de camions d’aide humanitaire internationale, transportant à ce jour plus d’un demi-million de tonnes d’aliments. Dans quelle guerre précédente a-t-on vu une partie au conflit contribuer à nourrir la population adverse ? En outre, le communiqué de Karim Khan ne fait aucunement mention de l’Égypte, qui a pourtant sa propre frontière avec Gaza. Deux poids, deux mesures ?

2. Tuer intentionnellement les civils ? Les chiffres prouvent le contraire. En sept mois de guerre, le bilan dressé par le Hamas lui-même (très contesté) fait état d’environ 35 000 morts à Gaza. Si l’on déduit les quelque 14 000 à 15 000 combattants du Hamas tués revendiqués par Israël (chiffre non contesté par le mouvement islamiste) et les civils qui seraient décédés de toute façon pendant ce laps de temps du fait de la mortalité naturelle dans une population de 2,5 millions d’habitants, il apparaît un ratio combattants/civils tués proche de 1 pour 1, ce qui est bas, en comparaison internationale, pour une guerre urbaine moderne. Rien donc qui prouverait une volonté étatique de tuer délibérément des civils.

3. Se livrer à des « persécutions et autres actes inhumains » dans le cadre « d’une attaque généralisée et systématique contre la population civile palestinienne conformément à la politique de l’État » ? Il est établi que la population civile de Gaza souffre atrocement des horreurs de la guerre. Mais ceux qui l’ont exposée à ce malheur, ne serait-ce pas les dirigeants du Hamas, qui ont ordonné l’attaque sur Israël, puis se sont retranchés au milieu des civils ainsi transformés en boucliers humains, plutôt que les dirigeants israéliens ? « Israël, comme tous les États, a le droit d’agir pour défendre sa population », reconnaît Karim Khan lui-même !

Obstacle au cessez-le-feu

En portant des accusations non prouvées contre l’armée israélienne et les dirigeants de l’État, le procureur de la CPI va contribuer à alimenter dans les semaines qui viennent l’antisémitisme décomplexé qui, sous couvert « d’antisionisme », explose en Europe et ailleurs depuis le début de la guerre à Gaza. Son initiative va également avoir des conséquences aux États-Unis où, en pleine année électorale, elle accentue les difficultés politiques de Joe Biden, qui est accusé par son aile gauche d’être partisan dans son soutien à Israël.

Elle aura de surcroît un impact négatif au Proche-Orient et complique les efforts en vue d’un cessez-le-feu à Gaza. Dans l’État hébreu, elle alimente le complexe de la forteresse assiégée et la défiance envers la communauté internationale. À l’inverse, elle encourage le Hamas et les autres partisans du terrorisme islamiste en fournissant une couverture morale aux accusations de « politique génocidaire » qu’ils portent contre les dirigeants de Jérusalem.

Par ses outrances et sa perversité, l’action entreprise par le procureur de la CPI décrédibilise l’institution et jette une ombre sur l’ensemble de la justice pénale internationale. Dans ces conditions, le « soutien » apporté par le gouvernement français à l’action de la Cour, par le biais d’un communiqué publié lundi soir par le Quai d’Orsay, est déplorable.

Au lieu d’un « soutien », c’est un rejet ferme qu’on attendrait de la part d’un gouvernement attaché aux principes du droit et de la justice. En se rangeant du côté de Karim Khan, les autorités françaises partagent sa faillite morale.

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