Israël : Le jour où j’ai « percuté » que je faisais fausse route

 

Interview de Ichay Green sur la Chaîne YouTube TOV, entrepreneur High-tech, l’un des meneurs du mouvement de protestation contre le changement de la loi de nomination des juges à la Cour suprême.

[3 janvier 20224

VERBATIM

Question crois-tu que l’union nationale du fait de la guerre contre le Hamas, va durer ?

Cette question s’inscrit dans une interrogation plus large : allons-nous vaincre le Hamas ? Eh bien, j’ai un message à tous ceux qui nous écoutent.

Quiconque osera dire que nous perdrons la guerre, que rien n’a changé et que le peuple restera divisé, n’est plus audible.

Les citoyens ont été appelés sous les drapeaux et combattent en ce moment le Hamas, demain le Hezbollah et après demain va savoir qui encore ? Et dire, à quoi servira leur mort ou être pessimiste, c’est inexcusable. Les messages qu’on doit transmettre, dans tous les médias et forums de discussion :

Un, nous sommes victorieux et deux, le peuple n’est plus divisé. Tous les bavardages sont stériles et doivent cesser.

Et moi, qui étais si actif et vindicatif dans la protestation, je m’aperçois que j’étais stupide et aveugle. Et je suis prêt à m’excuser de mon égarement.

(Dans suite de l’interview une vidéo est diffusée.)

Q : On y voit l’intervention d’un participant d’un plateau de télévision, qui dit « pour Smotritch (ministre religieux de droite), le massacre du 7 octobre était une fête ». Les participants du plateau protestent vigoureusement, outrés de cette déclaration.

Cette vidéo est un parfait exemple montrant les gens, dont l’action a divisée le peuple. L’homme qui tient ces propos est Haïm Levinson, commentateur politique du journal gauchiste Haaretz. Pourtant, cet intellectuel connaît le judaïsme et notre culture, par conséquent il est parfaitement conscient du mal, que font ses déclarations à l’unité du peuple. Ni lui, ni Smotritch ne feront jamais partie de l’union du peuple.

Dès le 8 octobre, le lendemain du pogrom, le mouvement « akhim lanechek » (frères d’armes), composé des réservistes, très actifs dans la contestation et connus par leurs déclarations de refus de répondre à l’appel sous les drapeaux, tant que le gouvernement n’annule pas le projet « antidémocratique », s’est vivement opposé aux meneurs de la contestation, qui restaient résolument opposés à rejoindre l’armée.

« Les frères d’armes », au premier appel ont abandonné leurs revendications et ont rejoint l’armée, pour défendre le pays dans cette guerre existentielle.

Même les entrepreneurs du secteur high-tech, qui étaient solidaires du mouvement de protestation, ont déclaré :

« Après ce traumatisme du 7 octobre, stop, plus de contestation, aujourd’hui toute opposition politique ne peut qu’entraver l’armée dans sa mission, la seule chose à faire maintenant, c’est contribuer à la défense du pays ».

Parmi ces entrepreneurs du secteur high-tech, bon nombre sont pilotes de chasse et évidement ils participent actuellement aux opérations de l’armée de l’air. Des choses impensables avant le 7 octobre se passent aujourd’hui dans le pays.

Les mêmes « frères d’armes », qui méprisaient les organisations caritatives religieuses, coopèrent avec elles, pour améliorer le bien être des soldats. Cette coopération a engendré une compréhension entre ces deux composantes de la société.

Mieux, ils se sont aperçus, que leurs positions respectives, apparemment antagonistes à propos d’Israël, se sont révélées pas si éloignées que cela. Ils se rendent à l’évidence que la contestation contre le gouvernement était menée par les intellectuels et des couches privilégiées du pays, alors que la base de la société israélienne est plus unie que les « élites ». Grâce à ces faits inédits, s’est crée un réseau d’entraide, inimaginable avant le 7 octobre.

J’ai eu des discussions violentes avec un de mes amis que j’appelais d’ailleurs, « colon », qui considère que les arabes ne sont que des assassins, qu’il est impossible de faire la paix avec eux, bref tout le contraire de ce que je pensais avant le 7 octobre. Nous nous sommes brouillés et avons rompu tout contact. Le 7 octobre une de mes nièces a été enlevée par le Hamas et est morte en captivité. Suite à ce malheur personnel j’ai rappelé mon ami, car j’ai compris qu’il avait raison. Nous nous sommes reconciliés. Dans cette conversation il m’a dit que je ne lui reconnaissais pas le droit d’avoir des opinions différentes, car je les considérais comme illégitimes. Alors, j’ai compris quel était mon péché.

Il m’est apparu de façon flagrante, que ce péché, de ne pas accepter les positions des autres, était le péché de toute la société israélienne.

Ma position vis-à-vis des habitants des implantations a changé à 180°.

Aujourd’hui, je les soutiens. Auparavant, j’étais persuadé, que les habitants des implantations étaient la principale raison de notre conflit avec les Palestiniens. J’ai compris encore, que même si les Palestiniens, d’un coup, devenaient « gentils » et nous invitaient à leur table, et même s’ils renonçaient à tous leurs territoires, en leur for intérieur, il nous haïssent non seulement pour ce que nous faisons, mais parce que c’est leur ethos et quoi qu’il arrive, ils garderaient la haine du juif ainsi que leur désir de nous égorger.

 

Je suis persuadé qu’aujourd’hui des gens qui ont changé leur point de vue, du tout au tout, sont des milliers. Avant, on pouvait me considérer de gauche, mais maintenant cette qualification serait mensongère.

Grâce ou malheureusement à cause de cette guerre à Gaza et probablement bientôt contre le Hezbollah, les positions « gauchistes » dans le public israélien, de façon générale, sont en train de disparaître.

Bien sûr, il reste encore des gens qui, par déni, se retranchent derrière leurs positions « gauchistes ».

Aujourd’hui je considère les habitants des implantations, comme nos défenseurs, car moi, habitant de Tel-Aviv, je suis en sécurité grâce à eux, au même titre, que les habitants des villages et kibboutz frontaliers.

Celui qui dit, « pourquoi leur consacrer autant de financements publics, c’est de la gabegie », moi je lui réponds « ferme ta g… ».

Mais il faut que je dise, que je ne suis toujours pas d’accord avec le gouvernement actuel. Mon avis sur Netanyahu et sur nos politiciens, reste inchangé. Pour moi, dans leur grande majorité, ils restent des politicards égoïstes, non soucieux des problèmes du pays. Mais aujourd’hui, cela n’a aucune importance, nous sommes un peuple éternel et ceux qui sont au pouvoir maintenant, ne le seront plus à l’avenir.

Je vais vous raconter une anecdote caractéristique de l’état d’esprit des citoyens israéliens aujourd’hui. Dernièrement, j’ai rencontré un couple de médecins il n’y a pas plus laïcs et plus éloignés de la religion qu’eux. Le mari voulait même émigrer au Canada. Lors d’une de nos discussions, la femme, me déclare subitement, « Ichay, je ne savais pas que nous étions des Juifs». Tout d’un coup, les gens de ce pays : de gauche, de droite, sans opinion et autres ont pris conscience, qu’ils sont des JUIFS et que même s’ils le voulaient, il n’y a aucun moyen d’y échapper.

Il reste encore des gens, qui se refusent à admettre cette simple vérité : nous sommes des Juifs.

À ceux-là je dis :

« vous êtes déconnectés et vous ne vous inscrivez plus dans l’histoire moderne d’Israël. » IG♦

Ichay GreenChaîne YouTube TOV