Rachel Khan – La laïcité n’est pas une opinion, c’est une nécessité
L’autrice de « Racée », essai dans lequel elle dénonce le repli identitaire, a reçu le prix de la laïcité. Voici son discours à la réception du prix.
Mes origines, c’est Romain Gary, Édouard Glissant, Manu Dibango que j’ai interpellés vivement pendant toute l’écriture de Racée. J’ai, donc, une pensée pour ma famille qui, malgré l’horreur, reste immense parce que c’est une famille de sang, d’esprit, mais aussi de sol. Nos origines, ce sont également nos créateurs de grandes lois, et mon esprit ne peut se détourner de ceux qui ont pensé la laïcité : Voltaire, Victor Hugo, Georges Clemenceau, Aristide Briand et d’autres… Des combattants de la liberté pour faire vivre nos Lumières. J’ai évidemment dans le cœur, à cet instant, ceux qui se battent au jour le jour pour nous rappeler nos principes fondamentaux et les richesses qu’est notre État de droit, qu’il faut protéger : Abnousse Shalmani, Caroline Fourest, Richard Malka, Élisabeth Badinter, Tristane Banon et tant d’autres.
Un artiste n’a pas d’identité fixe, il a une signature en mouvement.
« J’écris inlassablement sur l’universalisme »
Évidemment, je tiens à remercier vivement mon éditrice, Muriel Beyer, et Séverine Courtaud pour leur confiance et leur exigence, qui m’ont permis mon expression en liberté et mon dépassement malgré les doutes et les intimidations, malgré ceux qui voulaient me faire taire. Ce livre est le fruit de ma liberté de conscience et de ma liberté d’expression avec la laïcité au centre, une laïcité vivante qui veut rappeler que ce principe permet à chacune et à chacun de s’épanouir dans notre République. Malgré ce que certains veulent faire croire, j’écris inlassablement sur l’universalisme.
Je n’oublie pas les silences des uns, le laisser-faire des autres, la bien-pensance dangereuse qui se rend complice de la haine.
Depuis mon premier texte, en 1999, Ma mémoire d’Afroyiddish, je peux vous s’assurer qu’en tant qu’Afroyiddish j’ai le devoir de mémoire affûté. Avec ce devoir de mémoire et ce droit de mémoire depuis ma plus tendre enfance, je n’oublie pas, je n’oublie rien… Les silences des uns, le laisser-faire des autres, la bien-pensance dangereuse qui se rend complice de la haine. Mes racines sont celles qui refusent les compromis lâches qui appauvrissent la création, faisant passer des influenceurs de haine sur les réseaux sociaux pour des artistes. Nos principes républicains ne sont pas négociables, ni philosophiquement ni politiquement. À la suite de la publication de Racée – que vous honorez aujourd’hui face à la bassesse, au mépris, aux intimidations et à la violence –, j’ai décidé de vivre pleinement vos marques de soutien.
Source : le Point
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