GUERRE DE COMMUNICATION
Par Tahar Ben Jelloun
© Copyright : Famille Ben Jelloun
Le Maroc est attaqué de tous côtés. Il faut prendre cela au sérieux et savoir qu’une guerre froide (ou pas) a été déclenchée ces dernières semaines. A la guerre, il faut répondre par une guerre encore plus intelligente, plus subtile, plus cruelle en même temps.
Même si j’ai été choqué et intrigué par les affirmations des médias, en particulier français, je ne parlerai pas de cette affaire qui a pris des proportions énormes et très inquiétantes. Je laisse cela entre les mains de la justice. Le temps venu, on saura la vérité. Pour le moment, constatons que notre pays est visé par une campagne orchestrée avec assez de brio, et que derrière ce flot d’infos et d’intox, il y a, tapi dans un coin de sa misère, l’adversaire de toujours, le voisin dont la haine qui l’anime n’a d’égale que son incompétence à donner le pain et la liberté à son peuple qui manifeste dans la dignité et avec une belle persévérance depuis plus de deux ans.
Oui, je vois ce voisin, dépensant des milliards pour essayer de détruire le Maroc. C’est son obsession, sa passion inutile et malgré tout néfaste.
Il existe aux Etats-Unis et probablement aussi en Europe des organismes privés appelés «Conseils» ou «Consulting» dont le travail consiste à exécuter des tâches sales au profit d’un Etat ou d’une société. La facture de ce genre d’activité se situe à un niveau très élevé. En fait tout dépend de l’ampleur de ce qu’il y a à faire et du résultat.
Un exemple concret: 2011, Bachar al-Assad tire sur les manifestants et entame une liquidation de son peuple de manière méthodique et efficace, aidé, il faut le dire, par le monstre froid russe (entre autres, car l’Iran et son Hezbollah installé au Liban, vont lui porter secours). Août 2013: Bachar utilise des produits chimiques et tue dans leur sommeil des milliers de familles. Barack Obama est mécontent, mais refuse d’intervenir; il en sera de même en Europe.
Cependant, l’image du régime de Bachar n’est pas bonne, c’est le moins qu’on puisse dire. Il fallait la restaurer. Pas de problème. Un organisme privé, une société américaine, est là pour cela. Quelle est la tâche? Simple: diffuser partout et à travers les journaux les plus sérieux et crédibles, genre The Washington Post, The New York Times, Le Figaro, Le Monde, El Pais, La Repubblica, etc., la thèse suivante: Bachar se bat contre les terroristes de Daech; si vous le combattez, vous porterez Daech au pouvoir et là, pour déloger «l’Etat islamique» de la Syrie, ce sera impossible, car de là, Daech va attaquer l’Europe par ses kamikazes, et caetera.
Ce fut exactement le discours qui a été tenu et publié dans la plupart des journaux internationaux. Vous pouvez vérifier. Des responsables politiques de plusieurs pays ont tenu ce même discours pour justifier leur non-intervention en Syrie.
Montant de la facture: 250 millions de dollars. Un des chercheurs de Human Rights Watch a révélé l’affaire courant 2013. Depuis, plus personne ne conteste le pouvoir dictatorial de Bachar ni les 500.000 morts qu’il a provoqués, ni les 5 millions de déplacés et réfugiés dans le monde.
Ceci fut une petite affaire. Combien pour déstabiliser un Etat fort, stable, uni et en pleine progression? Là, il faudra envisager des milliards. Ça coûtera moins qu’une guerre dite «fratricide» et puis le commanditaire n’apparaîtra jamais dans ce processus diabolique.
La preuve, à aucun moment, ce pays n’a été nommé. Seul le Maroc est apparu comme le monstre ravageur, le traître, le mauvais compagnon, bref, l’Etat à abattre. Et là, ses adversaires, seront servis.
Il faut dire que le processus de déstabilisation a commencé avec l’Allemagne, suivi par l’Espagne, puis à présent la France ainsi que certains pays européens qui n’ont jamais eu une passion pour notre pays.
Pour redresser tout cela, il faudrait plus que des tribunaux, il faudrait une prise de conscience sévère, sans se plaindre, ni geindre: le Maroc est attaqué de tous côtés. Il faut prendre cela au sérieux et savoir qu’une guerre froide (ou pas) a été déclenchée ces dernières semaines. A la guerre, il faut répondre par une guerre encore plus intelligente, plus subtile, plus cruelle en même temps. Et ce n’est pas en allant se solidariser avec des tribus qui prônent la division qu’on réussira. N’oublions pas que le Maroc se bat pour son unité, pour son intégrité territoriale. La stratégie à mettre en place doit être implacable, sans pitié. Ce sera une guerre de la communication et un bouleversement des données. Cette guerre a des règles scientifiques. Il faudra la mener de manière objective, sans verser une seule goutte de sang.
Par Tahar Ben Jelloun
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