“Appel au cessez-le-feu au Liban : une mémoire blessée et des leçons oubliées”

Published by Observatoire Juif de France on

L’appel récent du président Emmanuel Macron à un cessez-le-feu au Liban soulève des questions profondes quant à la mémoire et à la justice.

Si l’objectif de mettre fin aux violences est noble et compréhensible, il est essentiel que cette démarche prenne en compte non seulement les leçons de l’histoire récente, mais également les sacrifices passés, comme ceux des 58 parachutistes français qui ont perdu la vie lors de l’attentat du Drakkar à Beyrouth en 1983, une attaque ignoble revendiquée par le Hezbollah.

Cet attentat représente l’une des pages les plus sombres de l’engagement français au Liban. Les familles de ces soldats, qui ont donné leur vie pour la stabilité régionale, auraient légitimement espéré un signe, un mot de la part de l’État français, rappelant leur sacrifice et saluant la justice rendue lorsque certains des responsables de cette attaque ont été éliminés il y a une semaine par l’armée israélienne.

Si le Président Macron avait salué l’action menée contre les responsables de l’attentat du Drakkar, cela aurait montré une reconnaissance à l’égard des soldats français et une détermination à ne pas laisser les actes terroristes impunis.
Ce geste, qui aurait rendu hommage à nos soldats et démontré une certaine constance dans la lutte contre le terrorisme, a été cruellement absent des déclarations récentes.

Aujourd’hui, en appelant à un cessez-le-feu sans conditions claires, nous risquons de répéter les erreurs de 2006, lorsque la France avait contribué à la mise en œuvre de la résolution 1701. Cette résolution demandait, entre autres, le retrait du Hezbollah derrière le fleuve Litani (cette zone devant être entièrement démilitarisée permettant aux forces de la Finul de s’y déployer) et le rétablissement de la souveraineté de l’État libanais sur tout son territoire. Ce retrait n’a jamais été exécuté et la communauté internationale, y compris la France, a échoué à garantir l’application de ces engagements. Si cela avait été fait, nous ne serions probablement pas confrontés à la situation actuelle.

Appeler à un cessez-le-feu sans rappeler les engagements de la résolution 1701, et sans exiger son exécution effective, c’est risquer de n’offrir qu’un répit temporaire au conflit. Plus encore, ce silence est perçu comme un oubli des vies qui ont été sacrifiées pour la paix. La paix ne peut être envisagée sans justice, ni sans mémoire. Pour être durable, elle doit reposer sur des actions concrètes, notamment le retrait effectif du Hezbollah au-delà du Litani, conformément à la résolution 1701, mais aussi sur la reconnaissance des vies perdues, celles des parachutistes français qui ont payé le prix de la stabilité. Le Liban mérite une paix qui ne soit pas une simple pause entre deux conflits, mais la fondation d’une souveraineté véritable, débarrassée de la présence de milices armées qui agissent en dehors de toute légalité.

Nous appelons la France et la communauté internationale à agir avec fermeté et à ne pas ignorer les sacrifices du passé. Un cessez-le-feu sans exigence de justice et de retrait du Hezbollah ne serait qu’un retour aux erreurs du passé, préparant le terrain pour de nouvelles violences. Le peuple libanais, tout comme les familles des victimes de l’attentat du Drakkar, mérite que la France prenne une position claire et cohérente.

Une position qui honore la mémoire de ses soldats et qui lutte pour une paix véritablement durable et juste.

Dernière minute:

“Le président Macron devrait s’unir au président Joe Biden en affirmant qu’avec la mort de Hassan Nasrallah, justice a été rendue. Cette déclaration conjointe montrerait une position ferme et coordonnée face à la menace que représentait Nasrallah pour la stabilité régionale et la sécurité internationale.”

René LEVY

Président de l’Observatoire

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