OBSERVATOIRE JUIF DE FRANCE: Ces propos ne sont pas de simples “opinions médiatiques” : ils sapent notre travail quotidien.

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Israël est en guerre. Ses citoyens vivent sous les bombes. Des familles entières sont massacrées. Des enfants sont otages. Et pendant que le peuple juif endure cette douleur, certaines figures médiatiques choisissent ce moment pour accabler Israël – “en tant que Juifs”.

Nous parlons ici de Delphine Horvilleur, Anne Sinclair, Joann Sfar.
Tous ont fait le choix de se désolidariser publiquement d’Israël, pas par erreur, mais par posture.

Et les conséquences ne se sont pas fait attendre.
Aymeric Caron, connu pour ses positions radicales contre Israël, s’est aussitôt réjoui : “Même eux reprennent mes positions.”
Thierry Ardisson, sur le plateau de Léa Salamé, a comparé ce qui se passe Gaza à Auschwitz, sans réaction de Léa Salamé. Honte à elle et au service public et à l’Arcom qui pour moins que cela a condamné d’autres chaines.
Il a fallu à Thierry Ardisson par un communiqué après l’émission afin de s’excuser. Le mal était fait..           
Ce retournement n’est pas du courage : c’est de la trahison médiatique.

« Je ne critique jamais Israël, c’est le prix à payer pour ne pas y vivre. »
Élie Wiesel, dénonçant ceux qui jugent Israël depuis leur confort.

« Quand Israël sera hors de danger… Aujourd’hui, je me dois d’être solidaire avec tous les miens, même ceux que je déteste, au nom de cet ennemi insurmontable : le RACISME. »

L’Observatoire Juif de France dénonce cette mécanique infernale, et nous tenons à saluer le courage de maitre Ariel Goldman, pratiquement seul digne représentant officiel de la communauté à s’indigner avec les mots justes de Elie Wiesel ainsi que sa réponse sur les propos tenus par Thierry Ardisson, contre lequel nous déposons plainte.
Ceux qui, en “tant que Juifs”, attaquent Israël, ouvrent la voie à ceux qui veulent effacer Israël.
Ils ne parlent pas en notre nom.
Ils parlent pour plaire.
Et ils devront répondre du silence qu’ils laissent derrière eux.     

Cette posture offre un confort médiatique, des invitations, de la reconnaissance.
Mais elle se construit sur le dos des familles endeuillées, des soldats en guerre, et des otages oubliésCes propos ne sont pas de simples “opinions médiatiques” : ils sapent notre travail quotidien.
Depuis des années, l’Observatoire Juif de France se bat sans relâche contre l’antisémitisme, le révisionnisme et le négationnisme, en traduisant les contrevenants devant les tribunaux.
Ces prises de parole dites “symboliques”, quand elles banalisent la Shoah ou inversent les rôles de victime et de bourreau, détruisent le socle même sur lequel nous menons ces combats.

Ce ne sont pas des postures intellectuelles. Ce sont des attaques indirectes contre la mémoire, la justice et la vérité.
Et elles sont, à nos yeux, plus graves encore que certains discours haineux directs, parce qu’elles viennent d’individus respectables, écoutés, influents — qui donnent à la haine un masque de légitimité.

Le Bureau


Conversation entre Pierre Manent et Alain Finkielkraut dans Tribune Juive le 1ernovembre 2022 –

Alain Finkielkraut

Je me souviens d’un article du Débat de Tony Judt en 2004 où il disait :  

« Dans le monde du mélange, où les obstacles à la communication sont presque effondrés, où nous sommes toujours plus nombreux à avoir des identités multiples, des identités électives, Israël est un véritable anachronisme. »     Ce mot m’a fait sursauter. Il actualise le vieux réquisitoire, développé également, il faut le dire, par Pascal, contre le juif charnel, le juif degénération en génération. Ce réquisitoire, je le retrouve, à ma grande stupéfaction, dans des propos et dans le dernier livre de Delphine Horvilleur :Il n’y a pas de Ajar. Le héros de ce monologue, fils putatif du pseudo de Romain Gary, n’y va pas avec le dos de la cuiller : « Merde à l’identité, merde à l’engendrement », dit-il. Et il fustige les appartenances, il s’appuie sur Abraham pour rompre avec la filiation.

Delphine Horvilleur invente un judaïsme tout entier dressé contre le destin juif. Elle réussit le prodige de judaïser le procès du juif charnel. C’est pour moi une imposture, et même une impiété. Tendre à l’hyper modernité, en guise de judaïsme, un miroir où elle rit de se voir si mélangée, ce tour de force me met hors de moi.

À l’opposé de cet enrôlement de la foi de nos pères au service de l’air du temps, 

Raymond Aroné crit, dans Le Spectateur engagé : 

« Aujourd’hui, je justifie, en quelque sorte, mon attachement au judaïsme par la fidélité à mes racines. Si, par extraordinaire, je devais apparaître devant mon grand-père qui vivait à Rambervillers, encore fidèle à la tradition, je voudrais devant lui ne pas avoir honte. Je voudrais lui donner le sentiment que, n’étant plus juif comme il l’était, je suis resté d’une manière fidèle. Comme je l’ai écrit plusieurs fois, je n’aime pas arracher mes racines, ce n’est pas très philosophique peut-être mais on s’arrange avec ses sentiments et ses idées le moins mal qu’on peut. »  En effet, ce n’est pas philosophique mais c’est peut-être en un certain sens religieux. Je ne vis pas, pour ma part, sous le regard de Dieu, mais je vis sous le regard des morts, de certains morts, qui ne sont pas toujours juifs, d’ailleurs, et j’essaie de m’en montrer digne.

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