Enquête – Bruxelles : le parlement européen excite les frères musulmans – Charlie Hebdo
Bruxelles : le parlement européen excite les frères musulmans
Depuis un certain nombre d’années, Bruxelles, la capitale symbolique de l’Union européenne, est infiltrée par les Frères musulmans. Leur stratégie, bien connue, vise à empêcher toute intégration des populations de culture islamique en Europe et, plus encore, à gagner du terrain politique. Et la Belgique constitue une cible de choix.
Tout le monde sait, au moins depuis 2015 et les attentats sanglants à Paris, que Bruxelles abrite des quartiers où règne une pratique rigoriste de l’islam, alliée au trafic d’armes et de drogue. Quelle a été la réaction de l’Union européenne ? Elle a créé, dès décembre 2015, un poste de coordinateur contre « la haine antimusulmans », actuellement occupé par Tommaso Chiamparino. « Elle a également distribué des milliers d’euros à des associations chargées de « prévenir la radicalisation », explique Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue au CNRS. Des groupes fréristes se sont saisis de l’opportunité pour faire valoir leurs revendications, en plaidant que l’extrémisme religieux résultait du racisme « antimusulmans » en Europe. » Autant dire que, face à l’offensive islamiste, on s’est empressé de procéder à un retournement victimaire.
Dans la capitale belge, les différents courants de l’islam politique savent se coordonner tactiquement pour déstabiliser le petit royaume, et, au-delà, l’Europe. « Dès 2015, la pression policière a poussé les salafistes à se faire plus discrets et à laisser la main aux Frères musulmans, explique le député centriste belge Georges Dallemagne. Les fréristes du Qatar et de la Turquie se sont alors alliés pour déployer une stratégie de conquête plus sournoise. » Il est urgent, selon Djemila Benhabib, chargée de mission au Centre d’action laïque, de jeter un éclairage sur l’activisme des Frères musulmans en Belgique. « Ils agissent à travers un tissu associatif très dense, subsidié par les pouvoirs publics belges et européens ainsi que par des États étrangers, que l’on retrouve au coeur d’une stratégie d’entrisme au sein des partis politiques et des institutions de l’État. Un enchevêtrement d’associations et de personnalités d’influence leur permet d’agir en réseau autant sur le terrain belge que sur la scène européenne avec, comme toile de fond, la Turquie. »
Prenons l’exemple de l’European Federation of Journalists (EFJ). Cette organisation, reconnue comme la voix représentative des journalistes en Europe, est essentiellement financée par les syndicats de journalistes issus de 45 pays du continent. Son secrétaire général, Ricardo Gutiérrez, se flatte d’avoir pour interlocuteurs la Commission européenne, le Parlement européen, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Conseil de l’Europe. Or, au printemps dernier, cette EFJ a dispensé une formation en partenariat avec deux organisations douteuses, le Réseau européen contre le racisme (Enar) et le Collectif contre l’islamophobie en Belgique (CCIB), avatar du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) – dissous par les autorités françaises à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, en octobre 2020, et dont il partage le même logo – afin de « contrer l’islamophobie, les discours haineux et les narratifs antimusulmans », qui seraient « courants dans les médias ». Ainsi est présenté ce forum, animé notamment par les susnommés Chiamparino et Gutiérrez.
La première intervention était assurée par un Frère musulman prétendument repenti, Michaël Privot, directeur de l’Enar, ONG qui a aussi ses entrées à la Commission européenne. Privot coadministrait jusqu’en 2015 la mosquée de Verviers – foyer bien connu de djihadisme –, et lors de son exposé, il a attiré l’attention de son auditoire sur les couvertures de plusieurs périodiques européens (notamment Le Point, L’Obs, L’Express…) fustigeant selon lui la communauté musulmane. Le deuxième volet était pris en charge par Layla Azzouzi, membre du CCIB. Au cours de cette formation, cette ancienne militante de Femyso – association frériste qui partage la même adresse que le CCIB, dans le quartier européen de Bruxelles, c’est-à-dire à portée de lobby – a déploré la présence de « dessins blasphématoires » dans la presse. Sans commentaire.
Toute une nébuleuse islamiste a tissé sa toile dans l’UE
Interrogé sur ces interventions, M. Gutiérrez ne voit aucun problème à avoir accueilli ces personnes « recommandées par la Commission européenne », et nie fermement tout lien entre le CCIB, l’Enar et la mouvance des Frères musulmans. Il prétend également que « le CCIB n’a rien à voir avec le CCIF ». Pourtant, l’Enar comme le CCIB ont signé une déclaration commune de soutien au CCIF quand il était dans le viseur du gouvernement français. Et selon une source sécuritaire consultée par le magazine belge Le Vif/L’Express, « le CCIB est connu pour ses liens étroits avec les Frères musulmans […]. Idéologiquement, les discours du CCIB reprennent à leur compte les thématiques rhétoriques des Frères musulmans ainsi que leurs chevaux de bataille traditionnels, par exemple, la pénalisation de l’ »islamophobie » et la lutte contre l’interdiction du foulard dans les écoles et au travail ». L’association est dirigée par Mustapha Chairi, sympathique apôtre du vivre-ensemble qui prône le port du voile généralisé et qui, sur les réseaux sociaux, encourage des militants à filmer une manifestation présentée comme « la lapidation de Caroline Fourest » et s’affiche sans gêne faisant la rabia (la main au pouce plié qui constitue le signe de ralliement des Frères musulmans). Cela n’empêche pas l’État belge de continuer à subventionner cette organisation et l’UE de lui confier nombre de missions « antiracistes ». Notons que le CCIF interdit a ressuscité dès le 1er novembre 2020 et s’est installé, comme par hasard, à Bruxelles, sous un nouveau label : le CCIE (Collectif contre l’islamophobie en Europe).
En réalité, à Bruxelles, on recense moult sigles et acronymes d’associations fréristes, quoique non avouées comme telles, chacune arguant d’une cause propre à recueillir l’assentiment de la libérale Europe : féminisme, inégalités sociales, racisme, etc. C’est donc toute une nébuleuse islamiste qui a tissé sa toile dans la capitale belge pour s’étendre dans l’Union européenne et bénéficier de ses généreuses subventions, profitant de sa complexité institutionnelle comme de sa faiblesse idéologique. Ce noyautage est d’autant plus insidieux qu’il prend une forme rhizomatique : telle association renaît quand la précédente se voit interdite, tel collectif sert les intérêts de tel autre. Et chaque fois qu’un parlementaire s’émeut des largesses accordées à ces groupuscules dangereux, la réponse de la Commission est invariablement laconique et langue de bois, affirmant ainsi que « les subventions de l’UE sont allouées conformément aux règles régissant les appels à propositions et sur la base d’objectifs clairs ». De manière générale, comment comprendre la complaisance ou l’aveuglement des institutions européennes face à un mouvement dont les objectifs délétères sont bien documentés ? Que les Frères musulmans cultivent pathologiquement antisémitisme, homophobie, misogynie, haine des Lumières n’a pas l’air de constituer un problème pour les progressistes que se veulent les Européens. ●
Source : Charlie hebdo.fr
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