La célébration de YOM KIPPOUR
La célébration de YOM KIPPOUR
Kol Nidré et Néïla
Rosh Hachana qui est la nouvelle année universelle s’ouvre sur un procès, pas sur un printemps nouveau, comme on pourrait le croire.
Un Tribunal incorruptible doté de juges invisibles et puissants ouvre son audience le 1er Tichri et entame la mis en accusation de l’univers : tout y passe, les astres, le néant, le ciel, les étoiles, la terre, les pierres et les montagnes, les océans et les plaines, les hommes et les femmes sans distinguer entre les races les religions, les animaux sans distinction d’espèces seront aussi appelés à comparaître.
Mais tous seront jugés selon leurs natures et selon la qualité de leurs âmes.
Le procès durera 10 jours. Au terme du dernier jour, les verdicts tomberont et chacun recevra son du :
Qui vivra et qui mourra. Qui s’épanouira et qui traversera des épreuves sévères ou bénignes.
A Néïla, l’audience sera levée, le Tribunal fermera ses portes, pour que s’écartent les portes de la joie sous la Soucca qui s’ouvre sur la nuit étoilée du pays d’Israël si possible, mais en attendant, sur tous les champs du monde :
« Tu te réjouiras dans tes fêtes et tu seras heureux » Sous le regard riant d’Achem.
Mais nous allons trop vite.
Au 1er Tichri, commence la période des « Jours terribles » (Yamim noraïm) terribles, parce que les magistrats d’en haut entrent silencieusement dans la salle d’audience, qu’eux seuls peuvent occuper toujours sous le contrôle du Juge Suprême.
Les greffiers angéliques mais pas débonnaires, empilent les dossiers devant les juges innombrables. Il en faut évidemment, beaucoup pour juger l’Univers et tout son contenu.
Dix longs jours durant, ils examineront cas par cas, genre après genre, créature après créature les dossiers d’accusation. Ces juges intègres ne feront pas de faveur au pauvre par excès de bonté ni ne donneront d’avantages aux riches pour s’attirer leurs bonnes grâces.
Ils sont impartiaux et jugent selon la Thora qui vient du ciel, la Loi sans défaut, dont les hommes ont héritée pour que le Monde d’en bas, (c’est à dire nous) connaisse que le Tsedek, la Justice est le sommet de la Morale qu’enseigne dans toutes les éternités, d’Achem qui règne dans les hauteurs.
La période est délicate et on peut même se demander pourquoi nous prions, pourquoi nous demandons pardon avec nos « sélikhot » qu’on peut traduire par les « pardons » puisque rien ne pourra détourner les arrêts du Ciel.
La Techouva heureusement peut renverser le cours impénétrable du procès. Ouf tout n’est pas perdu !
Nous voici au seuil du 10ème jour.
Le repas consistant est pris avant le coucher du soleil, puis les synagogues, oratoires et salles de téfila s’emplissent lentement dans les frôlements des costumes impeccables enveloppant des chemises d’une blanche pureté, que les banquettes des femmes se complètent par l’arrivées de robes et de manteaux froufroutants des grandes et des petites.
Un murmure inhabituel imprègne l’espace, il n’a pas la même résonance que celui des jours de fêtes ou de shabbat. Il est léger et évanescent.
Quelque chose de particulier se prépare que tout le monde connait mais qui surprendra tout le monde.
Tout à coup silence solennel.
Alors s’élève une voix forte qui, en araméen permet aux délinquants, aux repris de justice de prier avec nous. Cette voix quantile dans les mesures antiques, que les vœux de l’année sont annulés.
KOL NIDRE
Cet instant unique s’appelle. Traduire « Tous les vœux »
Pourquoi tant de solennité dès les premiers instants du jour du grand pardon ?
La Thora est composée de 613 commandements, qui sont les mitsvot positives et les mitsvot négatives les (Taassé « tu feras » et les lo Taassé « tu ne feras pas ») Pourquoi devrions nous ajouter des obligations faites à soi même, alors que la Thora est complète, intègre ? Ne serait ce pas déjà la contester ? Penser et dire qu’il lui manque une catégorie, un ordre ?
La Thora organise le vœu, exige que « ce qui sort de la bouche de l’homme soit exécuté », mais elle ne l’ordonne pas.
Celui qui a fait un vœu est en état de culpabilité devant Son Créateur, tant qu’il n’a pas accompli son serment. (CF Manitou)
Pour se défaire des vœux les rabbins ont instauré une lourde procédure.
Le jour de Kippour les vœux de l’année sont défaits par cette invocation publique, reprise trois fois par trois Autorités de la Communauté (Qéhila.)
Alors on peut entamer l’Office du soir de kippour, qui se continuera le lendemain sans solution de continuité.
Les portes du Tribunal céleste s’ouvrent pour que chacun ait encore une chance de faire retour (Téchouva) et ainsi stopper les verdicts menaçants qui pèsent sur l’assemblée d’Israël.
Le lendemain en effet, l’office reprendra avec ses chants et ses prières, les vidouïés (Les confessions publiques) le rappel de nos fautes et nos demandes de les pardonner et de les excuser.
Les parashiot et les aftarots, seront lues et chantées avec une ferveur renouvelée ainsi que le rappel du service des Cohanim au Temple.
La ligature d’Isaac est un chant puissant :
Il se souvient qu’Isaac était prêt à donner son corps et son âme au Créateur, en remerciement du don de la vie qui nous est donnée gracieusement par le Maitre du Monde.
Le soir, viendra la lecture de Jonas ben Amitaï, qui narre les aventures d’un prophète sans défauts mais rétif à la Parole divine.
Cette histoire nous enseigne combien est grande la Techouva (le repentir et le retour à Sion).
La Téchouva est la grande affaire de Kippour, car elle est capable de briser les décrets du Ciel et de forcer les portes d’en Haut.
La journée est longue, le jeûne est long et fatigant, certains sommeillent, d’autres se trouvent mal.
Les femmes et les enfants arrivent dans la pénombre du soir qui tombe (avec plus de lenteur que d’habitude, semble-t-il) La Synagogue s’emplit d’un fond de plus en plus sonore, dans une fébrilité qui se répand insensiblement.
Enfin, en fin, Les officiants à bout de voix, entament la NEÏLA.
Néïla signifie fermeture, clôture, de l’Office bien sur, mais son sens réel qui est son sens ultime, contient la fin des débats diraient les juristes ; et plus, les délibérés du Tribunal d’en haut.
Les jugements sont rendus tandis que lentement les portes du ciel se referment.
On se dépêche, on prie avec encore plus d’application, pour que nos derniers chants vers LUI, s’infiltrent entre les battants du portail, avant la fermeture définitive.
Le Chofar dans cet ultime moment, vient sonner la délivrance.
Les fautes sont pardonnées serons nous inscrits dans le livre de la vie ?
On se le souhaite avec chaleur les uns aux autres,
Bien sûr qu’ACHEM nous a pardonné et nous tous sommes inscrits dans le livre de la vie.
Nous sortons dans un désordre indescriptible, les uns plient leurs taliths, les autres le déplient et couvrent la tête de la famille (c’est interdit mais on tente tout de même) pour l’ultime bénédiction des Cohanim (Birket Hacohanim) dans le son grandissant du shofar qui scande les appels qui surgissent de la nuit des temps pour rappeler aux Juifs qu’ils ont un Dieu et à Dieu qu’il a un peuple.
Nous sortons de la mêlée, purifiés, l’âme propre et sereine vers la nouvelle année qui arrive avec ses bénédictions, tandis que l’année qui s’achève, s’enfuit avec ses malédictions.
Les juifs s’embrassent dans la nuit tendre, sous le regard riant du Dieu de bonté.
Charles Baccouche
Pour l’Observatoire Juif de France
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