Accusations de harcèlement : Esther Benbassa se “met en retrait” jusqu’en septembre
“Mouvements d’humeur”
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Après la publication d’une enquête de « Mediapart » où des anciens collaborateurs l’accusent de harcèlement, la sénatrice Esther Benbassa a décidé, jeudi 8 juillet au soir, de se mettre en retrait de son groupe écologiste du Sénat jusqu’à la rentrée.
Sa position était intenable. Après avoir été accusée de harcèlement par huit anciens collaborateurs et six anciens étudiants, Esther Benbassa a affirmé jeudi 8 juillet au soir se mettre en retrait de son groupe écologiste au Sénat jusqu’en septembre. « Le temps d’étudier les suites à donner conformément à notre règlement intérieur », a précisé quant à lui le groupe Écologiste, Solidarité et Territoires dans un communiqué. Ce dernier a ajouté qu’il prenait « toute la mesure des accusations portées », faisant état de témoignages « extrêmement graves » qui « traduisent une grande souffrance au travail ».
Dans l’enquête de Mediapart diffusée jeudi, tous les anciens collaborateurs et anciens étudiants que l’élue employait à l’École pratique des hautes études évoquent un climat de « terreur ». instauré par la sénatrice, ponctué de pressions, de chantage à l’emploi et d’humiliations. Des mails, individuels ou collectifs, et des SMS ont été consultés et retranscrits en partie par Mediapart.
L’OPÉRATION AUX POUMONS ? PLUS TARD SI POSSIBLE !
Plusieurs témoignages font apparaître la sénatrice comme particulièrement insensible. Alors que le père d’une de ses collaboratrices vient de décéder, l’intéressée lui répond sèchement : « Je comprends et je suis très triste, mais moi je n’ai personne au bureau à part Anaïs puisque Asma est en congé maladie. Je n’ai même pas quelqu’un pour me préparer mon dossier pour l’hémicycle. Vous auriez dû m’avertir ce matin pour que je m’organise (…) Bon courage. » Selon une autre femme, Esther Benbassa aurait essayé de lui faire reporter une opération médicale aux poumons sous prétexte d’un agenda politique chargé au moment de la réforme des retraites, en 2020.
De son côté, Esther Benbassa ne nie pas qu’elle peut parfois avoir des « mouvements d’humeur », être directe voire abrupte mais elle conteste « avoir sciemment et délibérément choisi de mettre la santé de (ses) salarié.e.s en danger ». « Mais si je suis exigeante, je suis également soucieuse de valoriser le travail et les efforts de mes collaborateurs et collaboratrices », a-t-elle renchéri, en présentant ses « excuses » à celles et ceux qu’elle a pu blesser. Conséquence de cette gestion, le turn-over des collaborateurs a été important. En deux mandats, plus de 18 assistants parlementaires ont été employés, note Mediapart.
Dans un communiqué, le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires a apporté son soutien aux témoins qui « ont brisé l’omerta qui règne au sein de l’institution », en rappelant que le harcèlement moral est un délit qui touche à l’intégrité et à la dignité des victimes.
Cette affaire fait écho à celle de la députée LREM Laëtitia Avia, qui avait elle aussi été accusée en mai 2020 « d’humiliations à répétition » (et de propos racistes et homophobes) par cinq anciens collaborateurs, là encore dans une enquête de Mediapart. La parlementaire avait alors crié à « l’acharnement » du journaliste dece médiaDavid Perrotin.
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