Tribune : Nucléaire iranien | L’aveuglement européen face à une menace prévisible
Lorsqu’un État riche en gaz et en pétrole investit massivement dans une filière nucléaire sans objectif écologique clair, le prétexte civil masque très probablement une ambition stratégique ou militaire. Les précédents sont nombreux, les contrôles insuffisants. Il est temps de dire les choses avec lucidité.
Un choix économiquement irrationnel
Les données sont connues :
Le nucléaire est l’énergie la plus coûteuse à construire (jusqu’à dix fois plus que le gaz).
Il est long à mettre en œuvre (10 à 15 ans pour une centrale), contre 2 à 4 ans pour une centrale à gaz.
Il est moins souple et ne présente aucun avantage compétitif dans un pays disposant d’abondantes ressources fossiles.
L’Iran, richement doté en pétrole et en gaz naturel, n’a aucun besoin objectif de développer une filière nucléaire civile pour couvrir ses besoins énergétiques. Le recours au nucléaire est, dans son cas, économiquement incohérent : c’est une technologie coûteuse, longue à déployer, techniquement lourde, alors que l’Iran dispose de ressources fossiles abondantes, faciles et bon marché à exploiter. La seule justification recevable serait écologique : réduire les émissions de CO₂, préparer un avenir bas carbone. Mais quand cette priorité est absente, l’explication devient claire :
Le développement d’un programme nucléaire civil dans ce contexte cache très probablement une visée stratégique ou militaire.
Cette évidence est pourtant balayée avec une légèreté coupable par une grande partie de la diplomatie européenne, qui continue de relayer sans esprit critique les discours officiels de Téhéran sur un nucléaire prétendument pacifique, tout en se montrant d’une sévérité systématique envers les décisions israéliennes de sécurité. Ce deux poids, deux mesures est devenu intenable.
L’AIEA alerte, l’Europe se tait
Un rapport classifié de l’AIEA, récemment révélé par la presse occidentale, confirme une fois de plus que l’Iran poursuit une trajectoire opaque, incompatible avec un usage purement civil de l’énergie atomique. Des traces d’uranium ont été identifiées sur trois sites non déclarés – Turquzabad, Varamin et Lavisan-Shian – soupçonnés d’avoir abrité des activités militaires. Ces lieux semblent avoir été délibérément “nettoyés” pour dissimuler des preuves.
Malgré l’entrave manifeste aux investigations de l’AIEA et l’accumulation de faits troublants, l’Europe reste muette. Aucune indignation à la hauteur. Aucune conséquence diplomatique. Une passivité qui tranche avec la réactivité quasi-immédiate avec laquelle elle condamne systématiquement Israël pour des faits infiniment moins graves.
Une ambition nucléaire guidée par la haine
Le cas iranien se distingue par une donnée fondamentale : l’Iran ne cache pas ses intentions. Depuis des années, ses plus hauts dirigeants réitèrent publiquement leur volonté d’éradiquer l’État d’Israël, le qualifiant de “tumeur cancéreuse” ou d’”entité à faire disparaître”. Ces propos ne sont ni isolés, ni symboliques. Ils sont doctrinaux, assumés, répétés.
Ce discours, combiné à l’accélération du programme nucléaire, transforme une problématique de prolifération en une menace existentielle concrète. Aucun autre pays dans le monde n’ambitionne publiquement de détruire un autre État membre de l’ONU tout en poursuivant un programme atomique.
L’Europe au pied du mur
Face à une telle réalité, la diplomatie européenne n’a plus le luxe de la complaisance. Elle ne peut plus prétendre défendre le droit international tout en fermant les yeux sur les violations flagrantes de l’Iran. Elle ne peut plus exiger la transparence ailleurs, et l’accepter ici.
Si le nucléaire civil iranien n’a aucune justification énergétique, et si les responsables iraniens proclament leur volonté de détruire l’État d’Israël, alors le silence européen devient une forme de complicité. Pourquoi ce silence, cette cécité diplomatique, alors même que les preuves s’accumulent ?
Le moment est venu pour l’Europe d’abandonner l’aveuglement diplomatique et de faire preuve de lucidité. Le nucléaire iranien n’est pas une question technique. C’est une menace stratégique, politique, et potentiellement existentielle. L’Histoire jugera sévèrement ceux qui ont préféré se taire.
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