Crise à Lyon-2 : le vice-président de l’université démissionne – Le Point

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Sous pression depuis plusieurs semaines, le vice-président de l’université Lyon-2, Willy Beauvallet-Haddad, a annoncé sa démission ce lundi.

Par Géraldine Woessner Publié le 05/05/2025 à 14h29

Le vice-président de l’université Lumière Lyon-2, Willy Beauvallet-Haddad, a annoncé ce lundi sa démission de l’ensemble de ses fonctions exécutives. Dans un message adressé à ses collègues, que Le Point a consulté, il déclare être la cible d’un « harcèlement » et d’une « campagne de dénigrement public » en lien avec ses prises de position personnelles sur la situation au Proche-Orient. Il affirme vouloir, par ce départ, protéger l’université dans une période particulièrement tendue.

Willy Beauvallet-Haddad occupait plusieurs fonctions clés : vice-président en charge des personnels depuis 2018, des finances depuis 2021, et vice-président du conseil d’administration depuis février 2025. Il continuera d’exercer comme maître de conférences en science politique.

Vives tensions à Lyon-2

Cette décision intervient alors que l’université est en proie à de vives tensions, depuis l’agression du professeur Fabrice Balanche. Le 1er avril, ce géographe, spécialiste du Moyen-Orient, a été violemment interrompu en plein cours par une vingtaine de militants masqués, affiliés au groupe « Lyon-2 Autonome ». L’enseignant a été contraint de quitter l’amphithéâtre sous les insultes, devant des étudiants médusés. L’affaire a suscité une onde de choc dans le monde universitaire, et jusqu’au sommet de l’État.

Dans les jours qui ont suivi, la présidente de l’université, Isabelle von Bueltzingsloewen, a tenu des propos qui ont enflammé les braises. Tout en condamnant des faits « intolérables », elle a chargé son professeur, déclarant à La Tribune de Lyon ne pas être étonnée que cet incident vise Fabrice Balanche, au regard de ses « positionnements sur Gaza » – une formulation qui a choqué une partie du corps académique.

Et qui ont valu à la présidente d’être la cible de menaces de mort. Fabrice Balanche avait notamment dénoncé, dans les médias, l’emprise croissante d’un activisme religieux et politique sur le campus, ainsi que certaines entorses au principe de laïcité, comme l’organisation d’iftars dans les locaux de l’université. Dans son courriel, Willy Beauvallet-Haddad remercie ses collègues et la présidente pour la « qualité du travail réalisé », tout en réaffirmant son engagement pour la défense des droits humains en Palestine et au Proche-Orient.

Une démission pour « protéger l’institution »

Il se présente comme victime d’un climat hostile – sans mentionner, toutefois, les propos qui ont alimenté la controverse : en particulier une série de tweets dans lesquels il avait rendu hommage à Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah (organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne), mort dans une frappe israélienne en septembre 2024. « Il est mort au milieu des siens pour la grande cause (palestinienne et arabe) et il a rejoint le panthéon de nos cœurs et des grands personnages de l’Histoire », écrivait-il.

Ces déclarations, largement relayées, ont choqué jusque dans les rangs de l’université, où des voix se sont élevées pour demander des garanties de neutralité idéologique au sein de la gouvernance. Dans son message, le vice-président démissionnaire ne revient ni sur la teneur de ces propos, ni sur la polémique qu’ils ont suscitée, ni sur l’agression dont a été victime son collègue Fabrice Balanche.

Depuis l’automne 2023, le campus de Bron connaît une radicalisation croissante des expressions militantes : tags, prières organisées dans des salles universitaires, blocages de cours, annulations d’examens, slogans politiques affichés dans les amphithéâtres… L’agression du 1er avril, confie un enseignant, a agi « comme un révélateur d’un climat plus large d’intimidation ».

à découvrirLe Kangourou du jourRépondrePlusieurs enseignants dénoncent un abandon de la direction, qui chercherait à apaiser les tensions en cédant aux groupes les plus radicaux.

Contactée, l’université Lyon-2 confirme avoir accepté la démission.

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