Les contradictions du Président de la République !!!!

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Diplomatie, cohésion nationale : y a-t-il encore un pilote (cohérent) dans l’avion France depuis le 7 octobre ?

Alors que des informations contradictoires suggèrent qu’Emmanuel Macron ne parvient pas à arrêter une position sur sa participation ou non à la marche contre l’antisémitisme, la diplomatie française n’a cessé de faire des volte-face ces dernières semaines.

Diplomatie, cohésion nationale : y a-t-il encore un pilote (cohérent) dans l’avion France depuis le 7 octobre ?

avec Jean PetauxFrançois Kersaudy et Naïma M’Faddel

Atlantico : La diplomatie française a multiplié les prises de positions parfois contradictoires ces dernières semaines depuis les attentats du Hamas du 7 octobre à travers notamment l’appel pour une coalition anti-Hamas, les demandes de cessez-le-feu via le vote de la France à l’ONU… Comment analyser la stratégie diplomatique de la France et d’Emmanuel Macron ? Y a-t-il encore véritablement un pilote dans l’avion ?

François Kersaudy : Il ne faut pas oublier sa première réaction devant l’horreur du 7 octobre : deux jours plus tard, il signait une déclaration commune avec les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne et l’Italie, qui affirmait leur soutien « ferme et uni à l’Etat d’Israël », ainsi que leur « condamnation sans équivoque » du Hamas. Il était toujours sur la même ligne lors de son voyage en Israël, lorsqu’il soutenait le droit d’Israël à se défendre et préconisait même une « coalition internationale contre le Hamas » sur le modèle de celle constituée contre Daech – ce qui avait un sens, à condition de se faire dans la discrétion: c’est que l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, les Emirats arabes et même l’autorité palestinienne craignent le Hamas comme la peste et rêvent de s’en débarrasser, mais ils ne vont pas le chanter sur les toits, car ils  sont conscients de l’influence exercée par les islamistes sur leur propres populations. Puis, comme toujours, le président Macron commence à s’effrayer de sa propre hardiesse, et il déclare à Mahmoud Abbas que « rien ne saurait justifier les souffrances des civils à Gaza ». En d’autres termes, il faut certes faire l’omelette, ainsi qu’il l’a dit aux Israéliens, mais à condition de ne pas casser d’œufs, comme il l’affirme ensuite aux Arabes. A une autre époque, cela aurait donné : « Il faut bien sûr se débarrasser d’Hitler, mais sans bombarder Berlin !».  Arabes et Israéliens auront donc reconnu le « en même temps » légendaire du président Macron, qui se précise dans les discours jusqu’au 10 novembre : s’il « partage la volonté des Israéliens de se débarrasser du terrorisme », il s’empresse d’ajouter qu’Israël doit cesser ses frappes sur Gaza et appelle à un cessez le feu – ce qui revient en pratique à renoncer à se débarrasser du terrorisme. S’il a trouvé une recette géniale pour faire à la fois l’un et l’autre, il ne semble pas l’avoir communiquée aux parties intéressées…   

Jean Petaux : L’analyse des choix et du positionnement politique du Président Macron, dans la présente crise internationale, tant en ce qui concerne le théâtre des opérations que les « retombées » nationales de la séquence débutée le 7 octobre est, de fait, compliquée. Cette complexité analytique tient essentiellement à l’absence de ligne claire dans la stratégie élyséenne. On a en mémoire la fameuse formule du général de Gaulle, dans « Les Mémoires de Guerre » alors qu’il fait le récit de son voyage au Proche-Orient (Le Caire entre autres destinations) et que les Forces Françaises Libres vont devoir livrer combat contre les troupes françaises restées fidèles à Vichy qui « tiennent » (encore) « Le Levant » (Liban et Syrie, sous mandat français depuis 1920) et, surtout qu’il va devoir se confronter à son allié britannique, très présent sur place entre l’Egypte et la Palestine d’alors. De Gaulle écrit cette phrase remarquablement ciselée :  « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples ». L’Orient (le Moyen et le Proche) s’est complexifié mille fois depuis 1941-1942, raison de plus pour simplifier encore, jusqu’à l’épure peut-être, ses idées. Au lieu de cela, comme souvent chez les esprits supérieurs, trop intelligents en somme, Emmanuel Macron essaie de construire une machinerie diplomatique qui n’est pas sans rappeler la ridicule « pompe à phynance » du Roi Ubu, le souverain absurde caricaturé par Alfred Jarry. Trop « subtile », trop « sophistiquée », trop « ondoyante ».

Il est tentant de remettre en perspective la valse hésitation du président de la République française, aujourd’hui, avec ses attitudes antérieures relevées dans les crises de politique intérieure que vous mentionnez ou dans les situations exceptionnelles telles que la pandémie du Covid à partir du confinement décrété le 17 mars 2020. Encore que, dans ce dernier exemple, Emmanuel Macron a montré un esprit de réaction rapide que certains, d’ailleurs, lui ont reproché. Preuve qu’en politique, justement, « on ne peut contenter tout le monde et son frère »… C’est justement parce que, dans le cas de la crise internationale actuelle, Emmanuel Macron semble vouloir pratiquer une forme « d’en même temps » qu’il donne le sentiment de ne pas avoir de cap. Le proverbe chinois dit : « Le vent souffle toujours dans la mauvaise direction pour celui qui ne sait pas où aller ». Il faudrait sans doute qu’Emmanuel Macron se donne un cap, un vrai, un solide. Y compris éventuellement qu’il ne dise rien et ne fasse rien du tout dans ce dossier. Cela aurait le mérite d’éviter qu’on lui reproche d’être un « canard sans tête », dans cette séquence, comme cette comparaison a été déjà faite, à son détriment.

Comment expliquer l’échec de la conférence internationale sur l’aide humanitaire à Gaza ainsi que le forum sur la paix de Paris organisé ce week-end? Pourquoi ces initiatives de la diplomatie française sont dans l’échec et n’apportent pas de résultats tangibles ? Ces initiatives ne soulignent-elles pas n’y a-t-il pas une tentation chez Emmanuel Macron de tout ramener à lui ?

Jean Petaux : Si tel est était le cas, cela aurait au moins une vertu : l’action précédée d’une vision. Or cela ne semble pas être le constat que l’on peut faire. « La tentation de reprise » (de tout) a peut-être été celle à laquelle a souvent succombé Emmanuel Macron depuis son arrivée à l’Elysée en mai 2017. Le reproche lui en a d’ailleurs suffisamment été fait : « Jupiter », « hyper-présidentialisation du régime »… Souvent les critiques de Macron étaient d’ailleurs parfaitement contradictoires entre eux. Les mêmes qui accusaient le Président de tout concentrer entre ses mains pouvaient lui reprocher, « en même temps » (sic), de ne pas suffisamment agir ou de laisser filer le cours de telle ou telle situation. Depuis le 7 octobre 2023, depuis les massacres commis par les terroristes du Hamas, depuis l’importation des événements qui se sont enchainés dès lors, sur le sol français, ce n’est pas tant la sur-implication ou, à l’inverse, l’inaction présidentielle qui interroge. C’est l’absence de vision politique. Là où il faudrait une prise de position solide, déterminée, « imprimant » les esprits, on relève dispersion, lancement de « ballons d’essai », replis suivis de propositions ponctuelles auxquelles succèdent d’autres replis. Lénine avait inventé la « polka piquée » comme méthodologie révolutionnaire. On peut se demander si ce n’est pas la « chorée de Sydenham », plus connue sous le nom populaire de « la danse de Saint-Guy », qui affecte, aujourd’hui, le Président de la République.

François Kersaudy : C’est sans doute que le président Macron souffre d’un déficit de crédibilité. Sa trop grande volonté de plaire à tout le monde est interprétée comme de la faiblesse. Dans toutes les chancelleries, on a noté ses valses-hésitations sur la Russie ou sur Taïwan, pour ne rien dire de ses déclarations à Alger sur la colonisation française comme crime contre l’humanité. « Il ne faut jamais se prosterner », disait le général de Gaulle – surtout dans les parties du monde où l’abaissement et l’autoflagellation suscitent le mépris et la vindicte. Par ailleurs, la plupart des nations ne respectent que la force, et ce n’est pas exactement l’impression que donne actuellement une France divisée, endettée, déboussolée et confite dans le repentir. Dès lors, pour continuer à plaire et trouver absolument un consensus, Macron n’a plus que la solution de l’humanitaire : un navire sanitaire pour Gaza, 50 tonnes de vivres et de médicaments, et « une aide financière internationale aux pays vulnérables du Proche-Orient ». Et pour faire bonne mesure, quelques truismes bien sentis, tels que « une vie palestinienne vaut une vie française qui vaut une vie israélienne »… 

Historiquement, la France a-t-elle été dans une situation aussi délicate sur le plan diplomatique ?

François Kersaudy : Oui, bien sûr, par exemple en juin 1967 : le général de Gaulle devait tenter de concilier une politique traditionnelle française de soutien à Israël avec sa nouvelle diplomatie mondiale, qui exigeait de bons rapports avec les pays arabes. En outre, il fallait les dissuader de se rapprocher trop de l’URSS – et aussi les ménager en raison de la dépendance française au pétrole du Moyen-Orient. D’où un grand écart dans les déclarations publiques du président, mais qui passait plutôt bien, parce que… c’était le général de Gaulle !  

Alors qu’il se présentait comme le maître des horloges, comment expliquer que le président soit incapable de répondre politiquement à cette crise ?

Jean Petaux : « Être le maître des horloges » ne doit pas être confondu avec la gestion et la maitrise des événements pendant que le temps « passe ». On peut peser sur l’agenda politique, marquer le « tempo » d’une séquence politique comme un champion cycliste organise, seul ou avec ses coéquipiers le rythme d’une étape du Tour de France. On peut, comme un compositeur, souhaiter écrire une œuvre musicale avec les mouvements qui iront du « largo » à « l’allegro » (« ma non troppo » ou « poco largo ») en passant par le « moderato » (pas forcément « cantabile » pour évoquer ici Marguerite Duras)… Tout cela est bel et bon. Le « Maitre des Horloges » croit qu’il est le « Maitre du temps ». Mais rien ne nous est dit de ce qu’il fait du temps qu’il maîtrise… Chez Haroun El Poussah, le calife de Bagdad, personnage créé par René Goscinny et Jean Tabary, le « Maître du temps » passe son temps à dormir. Ce qui surexcite son Grand Vizir, Iznogoud (dont la ressemblance avec un ministre de l’Intérieur français du milieu des années 2000 rêvant de devenir président de la République, en troubla plus d’un) qui veut lui prendre son siège. L’analogie ne vaut pas pour Emmanuel Macron qui fut plus dans le rôle d’Iznogoud en 2016-2017 poussant hors du jeu le « calife Hollande »…. Mais il n’en reste pas moins que, dans une crise comme celle que connait le monde aujourd’hui, et donc la France, il conviendrait de remplir les heures plutôt que de tenter d’en maitriser l’inexorable cours.

Sur le plan de la politique intérieure, les hésitations et pour partie la peur d’Emmanuel Macron depuis le 7 octobre, ne masquent-elles pas une peur des émeutes ?

François Kersaudy : C’est une évidence. La politique intérieure influe sur notre politique extérieure, et elle le fera de plus en plus, à mesure que s’accroitra en France le nombre de musulmans– avec tous leurs conflits importés et leur vulnérabilité à l’islamisme conquérant. De toutes les peurs du président Macron, celle d’une guerre civile pendant son quinquennat est probablement la plus prégnante.   

Jean Petaux : Je ne dispose pas de toutes les informations de politique intérieure auxquelles peut avoir accès le chef de l’Etat. J’ai déjà eu l’occasion de dire, à plusieurs reprises dans mes réponses aux questions d’Atlantico, qu’une des erreurs parmi les plus importantes commises par Nicolas Sarkozy (la concurrence est rude entre elles, tellement il y en a eu) a été la réforme du renseignement intérieur et le démantèlement des Renseignements généraux. Cela avait déjà commencé sous Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur entre 1993 et 1995, dans le gouvernement Balladur. Il n’est quand même pas banal de constater que ce sont deux personnalités politiques françaises appartenant à la catégorie des « sécuritaires », la plus « ancienne » des deux, (Pasqua), proclamant qu’il allait « terroriser les terroristes », la plus « jeune » (Sarkozy) prétendant « nettoyer tout ça au Kärcher, qui ont cassé un outil d’information essentiel des pouvoirs publics : les Renseignement généraux (RG). Résultat des courses, même en essayant de reconstruire l’outil démantelé, aussi bien les présidents Hollande que Macron (encore que les derniers chiffres budgétaires, pour 2024, dans ce domaine précis, ne sont pas du tout synonymes de renforcement de l’outil RG devenu RT – Renseignement Territorial) n’ont jamais reconstitué les sources policières de « signaux faibles » qui permettaient à leurs prédécesseurs, contre les terroristes de l’OAS dans les années 1961-1964, contre les groupuscules gauchistes dans les années 1968-1973, contre le terrorisme d’Action Directe dans les années 80, de faire fonctionner des capteurs précis et efficaces. Aujourd’hui, en matière de « températures » dans les milieux islamo-gauchistes, les mesures et les relevés manquent, c’est évident. Sans doute que cette cécité plonge le plus haut niveau de l’Etat dans une forme de paralysie qui traduit, de fait, une peur autant nourrie par l’ignorance de l’état réel de l’opinion publique et surtout des « points chauds » que par une volonté politique affirmée…

François Mitterrand, président de la République, avait rejoint, à la surprise générale, le grand cortège qui avait défilé à Paris après la profanation antisémite du cimetière juif de Carpentras, à Paris, où le 14 mai 1990, entre 80.000 et 200.000 personnes (selon les différents pointages) défilèrent contre « le racisme et l’antisémitisme », à l’appel du CRIF. Toute la classe politique, majorité de gauche et opposition de la droite et du centre réunies, manifesta, ce jour-là, au coude à coude. Une seule formation politique était maintenue à l’écart : le FN de Jean-Marie Le Pen. Eh oui, Monsieur Bardella, rendez-vous compte : « Le père fondateur du parti dont vous présidez l’avatar avait déjà, alors, été condamné par la justice pour propos antisémites… ». L’exécutif de l’époque (Mitterrand à l’Elysée, Rocard à Matignon) et le Parlement (l’Assemblée était présidée par le socialiste Laurent Fabius et le Sénat par le centriste Alain Poher, dans l’opposition au gouvernement) n’avaient pas tergiversé. De la même manière que lors des grandes marches qui ont suivi les attentats terroristes et islamistes de janvier 2015, à Paris et en Régions, l’union nationale s’est faite sans réserve. Emmanuel Macron ne devrait pas jouer l’arbitre au-dessus de la « mêlée ». La manifestation de dimanche est organisée par le CRIF, parfois dans des métropoles régionales par la LICRA, tout comme le fut celle consécutive à la profanation du cimetière juif de Carpentras, il y a plus de 33 ans. C’est une raison déjà suffisante pour y participer.

Il y a des circonstances où le retrait n’est pas à la hauteur de la fonction. L’explosion des actes antisémites dans notre pays depuis le 7 octobre, des actes commis à l’encontre de Français, parce qu’ils sont réputés, identifiés, détectés, comme Juifs, justifie que le chef de l’Etat, garant de la sécurité de tous les citoyens français, croyants ou pas, priant le Dieu des Chrétiens, celui des Musulmans, celui des Juifs, ou ne priant personne, s’engage. Qu’il s‘engage physiquement et personnellement en marchant avec les Français qui se mobiliseront pour d’autres Français, et en fait pour leur propre sécurité, dimanche 12 novembre à Paris et en Régions.

Naïma M’Faddel : On peut le penser car les émeutes sont passées par là. Ces violences urbaines étaient bien plus graves qu’en 2005. A l’époque, les incidents étaient concentrés sur certains quartiers uniquement et cela concernait principalement des feux de poubelles et de voitures.

En 2023, les dégradations ont été plus importantes et des symboles ont été visés, des bâtiments publics, des commissariats, des centres sociaux et culturels, des maisons de quartiers. De nombreux pillages ont eu lieu. Il y a eu des difficultés à maîtriser la situation lors des émeutes de l’été 2023.

Après le 7 octobre, les attentats du Hamas et suite aux bombardements de l’armée israélienne à Gaza, beaucoup de citoyens ou de responsables politiques craignaient qu’il y ait des émeutes en France. Or, il n’y a pas eu d’émeutes en France depuis.

Il y a eu aussi des craintes d’émeutes lorsque la police a neutralisé une femme dans une station de RER à Paris alors qu’elle proférait des menaces de commettre un attentat. Là encore, il n’y a pas eu d’émeutes suite à cet incident.

En réalité, et à juste titre le président pouvait craindre des attentats terroristes et des actes antisémites. Comme le confirme l’explosion des actes antisémites.

Est-ce que l’attitude d’Emmanuel Macron sur ce dossier depuis les attentats du 7 octobre en Israël démontre qu’il a peur d’être confondu avec l’extrême droite ? Et pourquoi finalement refuse-t-il d’avoir des mots clairs ?

Naïma M’Faddel : Le président a eu pourtant un positionnement équilibré dès le début de ce conflit.

Le président de la République, en tant que garant de l’unité de la nation, aurait dû s’adresser aux citoyens sur la situation au Proche Orient. Le président aurait dû lancer un appel afin de se mobiliser dans le cadre de la manifestation contre l’antisémitisme. Le chef de l’Etat aurait dû appeler à l’unité de la nation, à la cohésion nationale dans un souci de concorde. Il aurait dû adresser un message d’unité à tous les Français, quelles que soient leurs confessions. Appeler l’ensemble des autorités religieuses à se joindre à lui. Cette parole du chef de l’État devrait pouvoir servir à éviter l’importation du conflit. Aujourd’hui, la nation est menacée dans son équilibre.

Ce conflit s’il est importé sera déclencheur de plus de fractures.

Or, les habitants des quartiers ne demandent qu’à entendre un discours clair.

Aujourd’hui, ces citoyens sont pris en otage par LFI et de l’autre côté, le président de la République ne s’adresse pas réellement à eux.

En l’absence de dialogue et de discours politique franc, les citoyens peuvent être tentés de se tourner vers ceux qui soufflent sur les braises.

En quoi la position d’Emmanuel Macron sur la crise au Proche-Orient et ses déclarations parfois contradictoires montrent que le chef de l’Etat ne comprend pas vraiment plus les musulmans que Jean-Luc Mélenchon ?

Naïma M’Faddel : Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a une posture scandaleuse. Il n’a pas été très clair sur les attentats et notamment sur les attaques du Hamas.

Jean-Luc Mélenchon a le rôle facile. C’est un tribun ; un homme politique qui réfléchit en termes d’électorat et de masses mobilisables de votants. Il est dans la flatterie. Ce n’est pas un homme d’État qui pense à l’intérêt de l’État, de la nation. Donc on ne peut le comparer au Président de la République qui, de par sa fonction de chef de l’État, doit avoir le souci de la concorde nationale.

Le Président a tenu, dans sa stratégie diplomatique, à rencontrer les pays limitrophes d’Israël, les principaux acteurs de la région et du Proche-Orient.

Le président de la République a notamment échangé avec le dirigeant égyptien al-Sissi par exemple et avec le représentant de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Emmanuel Macron a clairement condamné les attentats terroristes du Hamas, contrairement à Jean-Luc Mélenchon. Le président de la République a aussi estimé qu’il fallait une solution avec deux États.

Le chef de l’État a ensuite appelé à un cessez-le-feu. Il a également organisé une conférence humanitaire pour Gaza. Même si cet événement a été critiqué, des représentants de tous les pays, dont des pays importants comme le Qatar ou l’Arabie saoudite, étaient présents.

Mais la parole du président de la République n’a pas été audible sur ce sujet. L’appel à une trêve et à un cessez-le-feu peut avoir une influence sur la rue arabe, dans de nombreux pays à travers le monde et auprès des musulmans en France.

Emmanuel Macron tente de renouer avec la « politique arabe » de la France. Des pourparlers seraient apparemment engagés avec le Qatar concernant la libération des otages détenus par le Hamas. Face à cette crise, Emmanuel Macron peut s’appuyer sur d’autres partenaires ou acteurs comme la Ligue arabe présidée actuellement par le roi du Maroc.

Il y a aussi le Qatar qui a un rôle majeur en tant que financeur du Hamas et hébergeur des responsables du Hamas. Aujourd’hui son image acquise depuis des décennies par le soft power est bien ternie ; aussi il doit avoir une action forte notamment dans la libération des otages.

Concernant la manifestation contre l’antisémitisme, Emmanuel Macron aurait confié qu’il ne souhaitait pas donner l’impression qu’il s’adresse à une catégorie particulière de la population (les juifs) tout en abandonnant un autre camp (les musulmans). Il faut sortir de cette logique.

Il est urgent que le président s’adresse à la nation et aux citoyens. Emmanuel Macron devrait inciter tous les Français, musulmans, chrétiens, juifs… à se rendre à la manifestation de dimanche contre l’antisémitisme. Il devrait trouver des éléments de langage en ce sens.

Face à la gravité de la situation en France, le chef de l’État doit s’adresser à son peuple. Il ne devrait pas être dominé par la peur ou par la crainte d’irriter telle ou telle partie de la population.

Mais mon propos ne serait pas complet sans que je souligne qu’au sein de la classe politique, depuis des décennies les seuls en réalité qui vont dans les quartiers pour s’adresser aux habitants sont les militant de la gauche. LFI a su profiter de ce vide.

J’ai constaté que la droite n’allait pas dans ces quartiers pour parler aux habitants. La gauche était beaucoup plus active. Une « OPA » a été orchestrée par LFI vis-à-vis des quartiers. Elle s’est faite presque par défaut. J’ai pu le constater lors de différentes campagnes électorales. A Dreux, je me souviens que l’on nous disait que ce n’était pas la peine d’aller dans les quartiers populaires, qu’ils étaient acquis à la gauche. Il s’agissait d’une grossière erreur en fait.

Les habitants des quartiers n’ont pas un profil de gauche, en vérité. Ils correspondent plutôt à la droite. Ces gens veulent entreprendre. L’entrepreneuriat est très fort dans les quartiers alors que les freins sont pourtant nombreux, notamment sur le plan administratif ou financier. Ces citoyens sont aussi plutôt conservateurs, centrés sur les valeurs familiales. Mais la droite n’a jamais su leur parler. Donc par défaut, la gauche leur parle. Lorsque la gauche s’adresse à eux, ces citoyens oublient que la gauche est progressiste et ne partage donc pas réellement leurs valeurs.

Emmanuel Macron semble avoir eu des difficultés pour trouver sa voie sur le plan diplomatique. Le chef de l’Etat n’est-il pas prisonnier de son logiciel multi-culturaliste qui l’avait amené à dire qu’il n’y avait pas de culture française ?

Naïma M’Faddel :  La majorité des habitants des quartiers expriment malgré tout un besoin, une aspiration et « une envie de la France » et à l’adhésion aux valeurs du pays. Lorsque j’étais adjointe au maire, je voyais les bienfaits de la mixité sociale et culturelle face à la ghettoïsation. Dans le cadre des politiques de la ville, il ne faut plus cultiver l’entre soi, le non-vivre ensemble.

Lors de mon engagement politique et au cours de mes différentes missions, j’ai constaté les bienfaits de la transmission des valeurs, du patrimoine français et de l’essence de ce qu’est la France. Dans le cadre de l’intégration ou dans le monde du travail, cette transmission peut apporter des bienfaits et se révèle être un atout.

Plus le chef de l’État va parler de la France, de son histoire, de sa grandeur, plus il va rendre fiers les habitants des quartiers parce qu’ils ont envie de cette France fière d’elle et non pas une France qui se perd dans le multiculturalisme et dans le déni de la culture française comme avait pu l’expliquer Emmanuel Macron. Sans la culture française, à quoi est-il possible de se rattacher dans notre pays ?

Dans un entretien accordé à la BBC, Emmanuel Macron a appelé, ce vendredi, les autorités israéliennes à mettre fin aux bombardements dans la bande de Gaza et a affirmé que l’Etat hébreu n’a “aucune légitimité” pour “bombarder et tuer” des “bébés, des femmes, des personnes âgées”. Cette déclaration à la BBC n’est-elle pas un exemple de plus d’une forme de déconnexion de la part du chef de l’Etat et d’un président perdu ?

Naïma M’Faddel : Je rejoins le Président de la République dans sa déclaration. Effectivement il faudrait arrêter ce massacre car malgré toutes les précautions prises par l’armée Israël il y a des femmes, des enfants , des vieillards qui sont tués.

Le président a du certainement adjoindre une demande de libération de tous les otages qui sont majoritairement des femmes, des enfants, des bébés.  

Jean Petaux : Accorder un entretien à la BBC aurait pu suggérer l’idée, au Président Macron, de relire les discours de Winston Churchill, sur cette antenne, entre 1940 et 1945. Ou de reprendre les textes des allocutions du Général de Gaulle au micro de Radio Londres, abritée par « Auntie », le surnom que les Britanniques donnaient à « leur » radio nationale. On peut toujours se lamenter du sort des victimes civiles consécutivement aux bombardements des cités. Homère a écrit des pages définitives sur le sac de Troie par les Grecs, dans l’Iliade et l’Odyssée…

Une fois que l’on a tenu ces propos indispensables, sous peine de perdre, à son tour, toute humanité et de ressembler à ceux qui se sont rendus coupables des pires crimes, que fait-on ? Comment fait-on la guerre à un ennemi qui utilise ses propres femmes, ses propres enfants, comme otages pour échapper à la riposte de ceux qu’il est allé agresser et qu’il a massacrés ? Comment négocie-t-on avec celui qui est près à tout pour vous détruire vous et l’Etat qu’il vous faut défendre ? Un Etat qui protège ses ressortissants en pourchassant ceux qui les massacrent et qui continueront à le faire, dès que l’occasion se représentera, dans six mois, dans un an, dans cinq ans, n’est-il pas légitime à contre-attaquer et à mener des opérations militaires ? Au prix, certes, hélas, de nombreuses victimes innocentes qui servent, encore une fois, de boucliers humains aux tueurs et aux terroristes islamistes.  Personne ne peut se féliciter des victimes gazaouïs innocentes tuées sous les bombes israéliennes.

Voilà d’ailleurs une différence absolue entre les deux « auteurs » des violences de cette guerre. Du côté des terroristes du Hamas, on a montré à grands renforts de vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, de manière virale, dans le monde entier, sous les applaudissements de leurs soutiens, les meurtres et les massacres d’enfants, de femmes, d’hommes juifs. Sous les rires et la joie sadique des « combattants », en fait des tueurs islamistes. Là où les nazis ont tout fait pour cacher leur crime immonde de la Shoah, les islamistes du Hamas les mettent en scène… En face, dans l’autre camp, celui de Tsahal, qui se réjouit des enfants tués, des femmes tuées, des Gazaouïs tués sous les bombardements ? Personne évidemment. N’y aurait-il que cela : ce comportement différentiel des belligérants face à la mort exhibée (ou pas) des civils du camp d’en face, que cela devrait suffire pour ne faire ni du « en même temps », ni la leçon à l’Etat d’Israël à ses forces armées.

Il ne m’appartient pas de dire si le Président Macron est déconnecté ou perdu… Je ne m’autoriserai pas ce jugement. Je lui conseillerai seulement de relire le texte qu’a prononcé le Général de Gaulle après les épisodes de Mers-el-Kébir et, juste après, de Dakar où la marine anglaise a tiré sur les équipages des bâtiments de la marine française. Ce fut un moment terrible pour l’Homme du 18 Juin. Certains de ses biographes estiment même que de Gaulle songea au suicide après Dakar. Relire ses propos devrait être utile au lointain successeur du fondateur de la Cinquième république. Relire aussi la réaction de Churchill, rapporté par ses biographes et écrite, de sa main, dans ses remarquables « Mémoires de la Seconde guerre mondiale ». Churchill a considéré, à la suite de la prise de position de de Gaulle qui a choisi de soutenir les Britanniques qui avaient cru nécessaire et stratégique pour la suite de la guerre, de tirer sur des marins français, qu’il s’agissait-là de la position d’un véritable homme d’Etat et d’un véritable allié du dernier pays démocratique européen qui se battait encore, à l’été 40, contre l’hydre nazi. Israël est le seul Etat démocratique existant au Proche-Orient, depuis 1948. Même si le chef du gouvernement israélien n’est pas un homme digne, ni de confiance, ni de gouverner. Même si le gouvernement qu’il dirige est constitué, pour partie, de fous de Dieu et de fous furieux. Même si leur conduite politique irresponsable et injustifiable doit être condamnée sans réserve, dans la gestion de l’implantation des colonies illégales en Cisjordanie, entre autres dossiers : tout cela doit être dénoncé avec la plus grande force. Les Israéliens ne nous ont d’ailleurs pas attendus pour le faire depuis des mois, dans les rues de Tel Aviv ou de Jérusalem. Mais, en aucune façon, ces critiques doivent remettre en cause la légitimité de l’Etat d’Israël à se défendre, à pourchasser et à éliminer les terroristes qui veulent sa destruction et celle de tous ses ressortissants. Ce combat-là, légitime, n’a pas de prix. Il sera temps, ensuite, de négocier une solution qui sauvegardera les intérêts palestiniens et israéliens. Ce sera au vainqueur (Israël) de tendre vraiment la main au vaincu (l’Autorité palestinienne).

Et puis d’ailleurs, il y a mieux à faire qu’à condamner l’Etat d’Israël en ce moment quand on est Président de la République française. Il y a à protéger les Juifs, en France.

 

 

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