Mohamed ben Salman est-il le nouveau messie d’Arabie ? – Le CAPE
Mohamed ben Salman est-il le nouveau messie d’Arabie ?
Posted by Freddy Eytan on 8/09/23 • Categorized as Editorial

Pour l’heure, le prince Mohamed ben Salman(MBS) n’est que l’hĂ©ritier du Royaume saoudien mais ses multiples activitĂ©s tĂ©moignent de la mĂ©galomanie de ses projets rĂ©volutionnaires dans un monde musulman archaĂ¯que, dĂ©chirĂ© entre sunnites et chiites, modĂ©rĂ©s et fanatiques, dans ce pays wahhabite, lequel a grandi le terroriste le plus dangereux de la planète : Ben Laden. Qui aurait imaginĂ© un tournant historique si rapide en Arabie ? MBS s’est-il inspirĂ© des Sept piliers de la sagesse ? Est-il capable de changer complĂ©tement la donne gĂ©opolitique du Moyen-Orient ? Charmeur, coqueluche des mĂ©dias et des rĂ©seaux sociaux, MBS parcourt le globe et nĂ©gocie avec tous les grands la planète. Au programme : achats d’armes, investissements, mĂ©diation, et le souhait d’un islam tolĂ©rant et modĂ©rĂ©. On apprĂ©cie son ouverture sur le monde, l’encouragement au tourisme non religieux avec la construction d’une nouvelle ville moderne au bord de la mer Rouge ; on tend l’oreille Ă ses projets pour l’égalitĂ© aux femmes notamment Ă des postes militaires. Il leur avait offert mĂªme un permis de conduire…
MBS est devenu une superstar de la diplomatie mondiale. Avec des idĂ©es et du pĂ©trole en abondance, mĂªme le ciel n’a plus, pour lui, des limites. Ses ambitions extravagantes sont notamment dans la conquĂªte du nuclĂ©aire et de l’espace. Il souhaite reprĂ©senter une puissance rĂ©gionale et transformer son gigantesque pays dĂ©sertique en une oasis florissante, un centre international pour la paix et la coexistence entre les trois religions monothĂ©istes.
(Bandar Aljaloud/Saudi Royal Palace)
Mohamed ben Salman fĂªte ces jours-ci ses 37 printemps et l’avenir est devant lui. A lâ€™Ă¢ge de 29 ans, il est dĂ©jĂ dĂ©signĂ© ministre de la DĂ©fense et voilĂ que ses zones d’ombre apparaissent soudain. Devant un vieux père malade, il dirige son pays avec une main de fer. Dès le dĂ©part, il procède Ă une rĂ©pression fĂ©roce : des centaines d’arrestations arbitraires, une purge sans prĂ©cĂ©dent au sein du palais royal et contre tous les opposants. Il est mĂªme impliquĂ© dans l’assassinat d’un journaliste amĂ©ricano-saoudien Ă Istanbul et s’embrouille avec Washington. Ses relations avec l’administration Biden, chatouilleuse sur les droits de l’Homme, se dĂ©gradent et il n’obtient plus ses commandes d’armement pour pouvoir faire face aux menaces iraniennes et gagner sa guerre impitoyable au YĂ©men. Il finit par cĂ©der, accepte une trĂªve par une mĂ©diation chinoise, et renoue les relations diplomatiques avec l’Iran, son ennemi implacable.
Cependant, MBS comprend très vite que la normalisation avec les Iraniens l’écarte des Etats-Unis et d’IsraĂ«l et lui cause de graves problèmes avec les pays sunnites au moment mĂªme oĂ¹ les ayatollahs prĂ©parent leur propre bombe atomique et menacent toute la rĂ©gion. Le rapprochement des ayatollahs refroidit Ă©galement ses relations avec tous les Ă©mirats du Golfe persique et particulièrement avec son rival Mohamed ben Zayed (MBZ). Ils lui reprochent l’abandon du camp occidental alors que TĂ©hĂ©ran s’aligne avec les Russes et les Chinois dans la guerre en Ukraine. C’est alors qu’il change de cap et organise Ă Djeddah une confĂ©rence internationale pour trouver une solution de paix Ă l’agression russe. On remarquera que sa politique Ă©trangère zigzag, volatile et elle est souvent irrĂ©flĂ©chie. Prudence et vigilance obligent pour suivre dans tous les azimuts ses grands pas.
(Capture d’écran/YouTube/Bloomberg Television)
Déjà en 2018, MBS avait apprécié un rapprochement avec l’Etat juif. La visite de Donald Trump à Ryad et les Accords d’Abraham l’avait encouragé à une normalisation par étapes avec Israël. Depuis, toutes les spéculations et les opportunités sont dans l’air et avec elles la signature de fabuleux contrats commerciaux dans un nouveau Proche-Orient devenu enfin paisible.
Après la normalisation signĂ©e avec les Emirats du Golfe peut-on y croire vraiment ? Ces jours-ci, nous cĂ©lĂ©brons le centenaire de la naissance de Shimon PĂ©rès qui avait rĂªvĂ© Ă un nouveau Proche-Orient après la signature des Accords d’Oslo. Il nous a bernĂ© d’illusions. Trop pressĂ©, cherchant un traitĂ© rapide, la gloire et le Nobel, PĂ©rès Ă©tait trop en avance sur son temps. Il a dangereusement fait confiance Ă Yasser Arafat. Cependant, trente ans après le fiasco des Accords d’Oslo, un accord commercial et stratĂ©gique avec l’Arabie saoudite n’est guère une utopie puisque plus d’un million de touristes israĂ©liens ont pu voir de leurs propres yeux que le rĂªve peut devenir une belle rĂ©alitĂ© dans cette pĂ©ninsule et pour toute la rĂ©gion.
Benjamin NĂ©tanyahou est-il capable de relever le dĂ©fi ? Ses multiples interventions sur les chaĂ®nes amĂ©ricaines nous laissent parfois dubitatifs mais nul le doute, nous devrions poursuivre les efforts pour aboutir avec MBS Ă une normalisation dans nos rapports bilatĂ©raux et rĂ©gionaux. Mohamed ben Salman pourrait Ăªtre un partenaire crĂ©dible si nous lui proposons un plan audacieux et pragmatique. Le temps est propice pour toutes les parties. Washington renforcerait sa position dans la rĂ©gion au dĂ©triment de l’Iran et de la Chine. Un accord tripartite USA-Arabie-IsraĂ«l faciliterait une aide aux Palestiniens, renforceront l’Egypte et la Jordanie mais aussi le Liban qui souhaite mettre un terme Ă la crise et desserrer l’étau du Hezbollah. Les Saoudiens profiteront d’un accord de dĂ©fense mutuelle avec les États-Unis, obtiendront des technologies nouvelles et un programme nuclĂ©aire civil. Bien entendu, avec des garanties solides contre une prolifĂ©ration atomique dans notre rĂ©gion et le refus d’offrir aux Saoudiens un armement plus sophistiquĂ© que possède IsraĂ«l. La supĂ©rioritĂ© qualitative des armes est une condition sine qua non pour Tsahal.
L’accord Ă©ventuel avec MBS donnera un second souffle Ă l’économie rĂ©gionale et mondiale. IsraĂ«l en profitera largement sur tous les plans et domaines. Les opportunitĂ©s existent mais tout dĂ©pendra de la bonne volontĂ© saoudienne et surtout du leadership de NĂ©tanyahou et ses capacitĂ©s d’apaiser les esprits Ă l’intĂ©rieur du pays. Â
Source : https://jcpa-lecape.org/mohamed-ben-salman-est-il-le-nouveau-messie-darabie/
________________________________________________________
0 Comments