Commémoration d’Auschwitz à Lyon. Grégory Doucet sème le chaos au Veilleur de Pierre | lyonpeople.com

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Texte : James de Sans-Trois. Il est des moments où la force des symboles dépasse celle des mots. C’était le cas ce dimanche 29 janvier pour la cérémonie, généralement très consensuelle, du triste anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.

Plus de 200 personnes, dont Claude Bloch, dernier survivant lyonnais de ce sinistre camp d’extermination, ont décidé, en signe de protestation, de tourner le dos à Florence Delaunay, l’adjointe de Grégory Doucet lors de son discours. Une défiance et des huées provoquées par la réception en grande pompe à l’Hôtel de Ville de Lyon, le 1er février 2023, de l’avocat activiste franco-palestinien très controversé Salah Hamouri à une table ronde sur les 30 ans des accords d’Oslo* où, curieusement, seule la parole propalestinienne est souhaitée par les Verts et leurs alliés de la France Insoumise.

On sentait la colère monter depuis quelques jours. Témoin la démission avec fracas du Grand Rabbin de Lyon, Daniel Dahan, du groupe interconfessionnel Concorde et Solidarité, créé par Gérard Collomb en 2002, à la suite d’un attentat contre la synagogue de La Duchère. « Je ne peux donner ma caution morale à des personnes qui, au lieu de promouvoir la paix dans la cité, vont bien au contraire attiser les tensions communautaires« , justifie Daniel Dahan dans un communiqué.

Une fois de plus, Grégory Doucet, qui aurait pu clore la polémique facilement, a choisi le déni de réalité sous la pression de certains de ses adjoints. Sûrement pour donner des gages à une partie de sa majorité qui fricote avec l’islamo-gauchisme.

Pire, il a proposé aux « instances ou associations juives lyonnaises » de « convier autour de la table » un représentant « de leur choix », leur déniant de facto le fait qu’ils soient français et non représentants d’Israël. Mon voisin, lors de la cérémonie, m’expliquait que les juifs de France sont très attachés à la République et à ses symboles. « Nous avons une tradition ancestrale, officialisée lors de la création du Consistoire en 1808 : chaque semaine, lors des offices du shabbat et lors des fêtes, nous prononçons dans toutes les synagogues une prière pour la France. »

Celle-ci dit notamment  » Bénis et protège la République française et le peuple français  (…) Que l’Éternel accorde sa protection et sa bénédiction à nos forces de l’ordre et à nos soldats qui s’engagent, dans notre pays et partout dans le monde, pour défendre la France et ses valeurs. Les forces morales, le courage et la ténacité qui les animent sont notre honneur. » Bien loin de l’idéologie woke et altermondialiste du petit Grégory et de ses militants pastèque !

« Doucet démission ! » crie la foule

Les huées ont démarré lors du dépôt de gerbe de la Métropole de Lyon, puis de la Ville de Lyon. « Doucet démission ! », « Dégage ! », « C’est une honte ! » Non sans provoquer quelques énervements parmi les officiels qui estimaient que l’honneur aux morts devait primer sur la polémique du jour. Le tout en l’absence (auraient-ils eu peur ?) de Grégory Doucet et de son homologue de la Métropole Bruno Bernard. Le premier fêtait, hilare, le nouvel an chinois à 300 mètres de là et gazouillait sur les réseaux sociaux « Ravi d’entrer dans cette nouvelle année du lapin à vos côtés ! ». Le second avait préféré à la même heure faire ses emplettes en toute discrétion aux Halles de Lyon !

Francisque CollombMichel NoirRaymond BarreGérard CollombGeorges Képénékian, aucun des maires qui ont fait l’histoire de Lyon, capitale de la Résistance, ville des exactions du sinistre Klaus Barbie, n’aurait manqué ce rendez-vous avec la mémoire de 6 millions de morts. Tous sauf un : Grégory Doucet !

L’éphé-maire de Lyon démontre une fois de plus qu’il n’est pas à la hauteur de l’histoire de la ville ! Comme le chantait Jean Ferrat« Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel. Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou. D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel, ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux. »

Heureusement, dans un discours particulièrement offensif et lu dans un silence impressionnant, Jean-Claude Nerson, président de l’amicale des anciens déportés d’Auschwitz-Birkenau et des Camps de Haute-Silésie, a remis les élus pastèque à leur place. Sans jamais prononcer le nom de Salah Hamouri, celui que Grégory Doucet a qualité de « défenseur des droits de l’homme ». Pour mémoire, Salah Hamouri a été emprisonné en Israël entre 2005 et 2011 pour avoir participé à la tentative d’assassinat d’Ovadia Yossef, ancien grand rabbin d’Israël. Il a ensuite été libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de 1 027 prisonniers ayant permis notamment la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.

Jean-Claude Nerson : « N’êtes-vous pas révoltés lorsque vous entendez le qualificatif de déporté employé pour des individus qui ont le terrorisme pour support ? Les déportés juifs étaient des victimes, méfiez-vous des amalgames honteux », allusion à une députée LFI fan de MélenchonErsilia Soudais, qui avait qualifié de « déportation » l’expulsion par Israël de l’avocat vers la France. « Dans le monde, depuis quelques années, les assassinats contre des civils juifs innocents se multiplient, ils sont le fait des amis de ces individus que l’on reçoit avec beaucoup d’égard. » La messe était dite… avec beaucoup d’élégance et sous des applaudissements nourris.

Photo: Jérémie Breaud, Marc Fraysse, Franck Levy, David Kimelfeld, Michel Noir et Georges Képénékian, anciens maire de Lyon, tournent le dos à l’adjointe de Doucet quand elle prend la parole…
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Ces applaudissements se sont transformés en cris de colère lorsque Florence Delaunay, adjointe à la (courte ?) mémoire, a pris la parole. Alain Sebban, président du consistoire juif régional, se retourne pour exprimer silencieusement sa réprobation. Claude Bloch, dernier survivant lyonnais d’Auschwitz en fait autant. Suivis par une large partie des 200 personnes présentes.

A commencer par les élus et des ex-élus emblématiques comme Michel Noir, André Soulier, Marc Fraysse, David Kimelfeld, Georges Képénékian, Philippe Cochet, Hervé Brun,  Jérémie Bréaud, Claude Cohen, Pierre Oliver, Michel Le Faou, Franck Lévy, Yann Cucherat, Evelyne Haguenauer, Zorah Aït Maten, Marie Guyon… Le discours est chaotique face à ce mur de dos, ceints pour nombre d’entre eux de l’écharpe de la République. « Du jamais vu ! » a tweeté l’avocat Alain Jakubowicz, ancien président de la Licra.

 

« Je ne vous autorise pas à parler au nom de ma mère ! »

L’adjointe évoque alors Ida Nathan, lyonnaise rescapée d’Auschwitz. Mais elle ne peut poursuivre. Le fils de la survivante des camps, Patrick, s’avance et lui confisque le micro. « Je ne vous autorise pas à parler au nom de ma mère » décédée il y a quelques mois « dans l’indifférence de la ville et du Maire de Lyon« . Le protocole coupe le micro, comme dans la plus sinistre assemblée d’une dictature. Puis la police municipale s’interpose. Michel Noir fend la foule pour ramener un semblant de calme dans une cérémonie qui, il faut bien le dire, est désormais bien loin de ce sinistre anniversaire. Le fils d’Ida Nathan pose alors une pierre aux pieds du monument en « hommage aux 6 millions de morts de la Shoah ».

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Au-delà de la colère et de l’émotion, Lyon fait désormais les choux gras de la presse nationale et internationale pour avoir simplement oublié qu’en démocratie, le débat est sain, à condition qu’il ne se fasse pas seul. Comme l’a très bien affirmé Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, « quand il s’agit d’un sujet aussi complexe et sensible que celui du conflit israélo-palestinien, cela ne peut se faire que dans le respect de l’esprit qui a présidé à la conclusion de ces accords d’Oslo : la recherche de la concorde et la quête de la paix. Une dimension qui semble ici faire défaut. » Fermez le ban !

* Les accords d’Oslo sont le résultat d’un ensemble de discussions secrètes aboutissant en septembre 1993 à une reconnaissance mutuelle de l’OLP et d’Israël et marquant le début de négociations bilatérales.

 

 

 

 
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