L’Observatoire Juif de France est indigné par l’appellation falsifiant l’Histoire et délégitimante d’« Esplanade des mosquées » au lieu de « Mont du Temple » et par la diffusion de la calomnie « al-Aqsa est en danger », qui risque d’embraser les « territoires sensibles » de la République
Le 15 avril 2022, le site Internet du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a publié le communiqué de presse intitulé « Tensions à Jérusalem-Est » :
« De violents heurts ont lieu sur l’Esplanade des mosquées. Il est vivement recommandé d’éviter de se rendre dans la vieille ville ce vendredi 15 avril 2022, notamment aux abords de l’Esplanade des mosquées.
Il convient d’observer la plus grande vigilance lors de ses déplacements, d’éviter les rassemblements et de se tenir informé de l’évolution de la situation. »
Le 17 avril 2022, Hafiz Chems-eddine, Recteur de la Grande Mosquée de Paris, membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), a twitté :
« Je condamne l’agression des fidèles désarmés dans la #mosquée El-Aqsa et sur ses esplanades vendredi dernier par les forces israéliennes causant de très nombreux blessés. Je suis heurté par la lâche agression de ce lieu béni où le prophète SAWS a effectué son ascension aux cieux ».
On aurait espéré des propos apaisants et reflétant la réalité de la part de cette personnalité éminente et écoutée par des musulmans de France.
Or, ce même jour, c’est l’imam Hassan Chalghoumi qui s’est indigné à juste titre, sur i24NEWS : portant des chaussures et jouant au football dans la mosquée al-Aqsa, « ces Palestiniens ont saccagé ce lieu saint. Leur attitude est une insulte envers la religion… C’est scandaleux ».
Par ailleurs, des médias français multiplient les titres au libellé qui falsifient l’Histoire en niant le lien du lieu hiérosolymitain avec le judaïsme :
- « A Jérusalem, affrontements sur l’esplanade des Mosquées» (TV5Monde, 15 avril 2022) ;
- « Esplanade des Mosquées : des heurts éclatent entre Palestiniens et policiers israéliens» (France 24, 15 avril 2022) ;
- « Tensions à Jérusalem: de nombreux blessés lors de heurts sur l’esplanade des Mosquées» (RFI, 15 avril 2022) ;
- « Jérusalem : des heurts ont éclaté sur l’Esplanade des Mosquées» (France Info, 16 avril 2022) ;
- « A Jérusalem, nouveaux heurts autour de l’esplanade des Mosquées» (Le Monde avec AFP, 17 avril 2022) ;
- « À Jérusalem, au cœur des affrontements sur l’esplanade des mosquées» (Le Figaro, 17 avril 2022) ;
- « Jérusalem : une vingtaine de blessés lors de nouveaux heurts sur l’esplanade des Mosquées» (Le Parisien avec AFP, 17 avril 2022).
D’une part, sur le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme, avait été construit le Temple de Jérusalem, détruit par l’empereur Titus en 70. Ne reste de cette édification que le Kotel, Mur occidental ou « Mur des Lamentations », vestige correspondant à un mur de soutènement du Temple.
Sur ce mont du Temple, se trouvent deux monuments islamiques construits par les Umayyades après la mort de Mahomet : le dôme du Rocher édifié de 688 à 691 et la mosquée al-Aqsa en 715.
Ainsi que l’a expliqué le géo politologue Daniel Pipes :
« Pour mieux asseoir leur prestige sur leurs territoires, les Umayyades firent une chose très astucieuse : ils construisirent une deuxième mosquée à Jérusalem, cette fois aussi sur le Mont du Temple, et la baptisèrent Al-Aqsa (al-masjid al-aqsa, la mosquée la plus éloignée). Par ce geste, les Umayyades donnèrent à la ville, rétroactivement, un rôle dans l’existence de Mahomet. Cette association entre Jérusalem et al-masjid al-aqsa s’inscrit dans une tendance générale des Musulmans à identifier les noms de lieux mentionnés dans le Coran… En dépit de toute logique (comment une mosquée bâtie près d’un siècle après la révélation coranique pouvait établir ce que le Coran entendait signifier?), comme l’écrit l’historien palestinien A. L. Tibawi, c’est la construction, après coup, d’une Mosquée Al-Aqsa qui « donna sa signification concrète aux termes figuratifs utilisés dans le Coran »… Le programme politique des Umayyades déboucha sur la sanctification islamique de Jérusalem ».
La désignation exacte du lieu s’avère donc « Mont du Temple ».
Ce n’est pas une désignation terminologique anodine. Des résolutions de l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) en 2016 et de l’Assemblée générale de l’ONU (Organisation des Nations unies) en 2021 ont nié la judéité du Mont du Temple en le dénommant sous son seul vocable musulman.
« Ce qui est particulièrement choquant, c’est la volonté de faire de ce lieu, comme en 2016, un site islamique, un site uniquement islamique. Le mont du Temple est aussi le lieu le plus sacré du judaïsme… Le texte de l’ONU appelle en effet à « maintenir inchangé le statu quo historique de l’esplanade des Mosquées, verbalement et en pratique » ; le texte en anglais est encore plus explicite puisqu’il utilise le nom arabe Haram Al-Sharif, « le Noble Sanctuaire », qui donne une connotation clairement religieuse, ne retenant que le nom musulman du lieu… », a analysé Jean-Dominique Durand, Président de l’Amitié judéo-chrétienne de France (AJCF) dans La Croix (13 décembre 2021).
Et Jean-Dominique Durand a poursuivi : « Il s’agit bien d’une lecture négationniste de l’histoire qui entend exclure le judaïsme – mais aussi le christianisme, car en ce lieu Jésus a prié et enseigné – pour le réserver au seul islam. On perçoit l’instrumentalisation de la religion par les États arabes ennemis d’Israël, et la manipulation de l’histoire avec pour objectif d’effacer de ce lieu crucial les mémoires juives et chrétiennes… C’est pourquoi l’Amitié judéo-chrétienne de France tient à exprimer son indignation face à une telle manœuvre. Cette indignation porte aussi sur le comportement de la France qui a voté cette résolution. Celle-ci a été acquise avec 129 voix en sa faveur ; 11 États ont voté contre, 31 se sont abstenus. La France fait partie des États qui ont soutenu la résolution ».
D’autre part, depuis au moins un siècle, des violences récurrentes surgissent sur le Mont du Temple aux cris d’« al-Aqsa est en danger ! » imputé aux Juifs, et actuellement aux Israéliens.
Au XXIe siècle, cette calomnie alliée à celle de la « judaïsation de Jérusalem » alimentent la propagande antisémite de l’Autorité palestinienne.
Et, sur la base de la calomnie « Al-Aqsa est en danger ! » (Al Aqsa is under Attack), des émeutes ont lieu, notamment durant le Ramadan, sur le mont du Temple où des terroristes islamistes palestiniens ont utilisé les lieux musulmans pour y entreposer des armes et provoquer les soldats israéliens dans une mise en scène visant à mobiliser les Arabes palestiniens, replacer la « question palestinienne » au premier plan de l’actualité diplomatique, attirer l’attention médiatique et ternir l’image de l’Etat d’Israël.
Ces violences occultent aussi les attentats contre des Israéliens : le 17 avril 2022, des « lanceurs de pierres palestiniens ont attaqué au moins 10 bus de la compagnie Egged juste à l’extérieur de la Vieille Ville, en route vers le mur Occidental, brisant des vitres et laissant plusieurs passagers blessés, dont une jeune fille de 13 ans », et des agresseurs palestiniens ont battu trois juifs ultra-orthodoxes marchant dans la Vieille Ville de Jérusalem.
L’Observatoire Juif de France invite les journalistes à relater avec honnêteté l’Histoire – ce qui éviterait des interprétations erronées -, à une plus grande rigueur terminologique, et à envisager davantage les conséquences de leurs propos.
Le Président de l’Observatoire Juif de France
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