Bordeaux : étoiles jaunes et références au nazisme s’invitent à la manifestation contre le pass sanitaire
Par ACTU BORDEAUX
Références au nazisme et à la Shoah se glissent ponctuellement dans les manifestations bordelaises contre l’extension du pass sanitaire. Pourquoi de tels parallèles ?
Ce samedi 24 juillet 2021, plusieurs milliers de manifestants se sont de nouveau réunis à 14h, Place de la Bourse à Bordeaux (Gironde), pour protester contre l’extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire des soignants.
Dans la foule hétéroclite qui entoure la fontaine des Trois-Grâces, se distinguent des costumes, des pancartes, des banderoles. Sous un soleil tapant, les cris retentissent, repris à l’unisson : « Liberté ! », « Macron Démission ! » ou encore « À bas la dictature sanitaire ! ».
Rien de surprenant, jusque-là : la contestation dans l’espace public passe bien souvent par l’usage d’hyperboles, de métaphores et de formules polémiques, frappantes, scandées ou écrites.
Toutefois, et même s’ils semblent rester rares dans les récents rassemblements bordelais, certains slogans et symboles peuvent choquer. Références à l’Apartheid ou au nazisme, étoile jauneépinglée sur la poitrine… De quoi interpeller, indigner, mais aussi questionner : pourquoi ces parallèles assumés à la Shoah et l’idéologie nazie ? Tentative d’éclaircissement avec deux manifestants.
« Il faut répondre à la violence par la violence ! »
David est un grand gaillard souriant d’une quarantaine d’années. L’une de ses petites filles est sur ses épaules. Son métier : voix-off pour diverses productions. Aujourd’hui, il est venu manifester en famille, avec sa femme, ses quatre enfants, et son neveu. Sur sa pancarte : « Non au pass san’Hitler », avec le symbole du dollar à la place de la lettre « S ». Et surtout, ce jeu de mots intégrant le nom du tristement célèbre dictateur allemand, fondateur du nazisme.
Mon message peut sembler violent mais ça l’est tout autant de vouloir piquer les gens de force ! Pour moi, à la violence, il faut répondre par la violence. La référence à Hitler, c’est parce que c’est un nom qui fait peur. Tout de suite, on pense aux camps de concentration, à la répression. C’est exactement ce qu’il se passe en ce moment ! Interdire l’accès à certains lieux aux personnes non vaccinées, c’est de la ségrégation. Bientôt, il y aura des toilettes séparées pour les vaccinés et les non-vaccinés, comme à l’époque avec les personnes blanches et noires ? Et qui nous dit qu’on ne déportera pas un jour les non-vaccinés ?
Si les propos de David peuvent glacer le sang et qu’il s’exprime avec véhémence, nulle trace de fureur exubérante chez lui. Il discute volontiers, la voix posée, tandis que ses enfants galopent autour du couple, galvanisés par l’ambiance de la manifestation. Il n’est pas anti-vax, tient-il à préciser.
Il évoque sans détour les lobbies pharmaceutiques, l’hydroxychloroquine, l’avenir de ses enfants dans ce qu’il nomme « le merdier actuel » ou encore « l’éventualité que le virus ait été crée pour éliminer une partie de la population et se débarrasser des plus faibles. »
Il rit : « On va me traiter de complotiste après ça ! »
En tout cas, David est en colère, inquiet. Et il assume parfaitement son évocation du dictateur nazi, de la ségrégation et de l’eugénisme. S’il reconnaît « la connotation violente du nom Hitler », il maintient : « Notre liberté n’a pas à être injectée ! »
« Nous vivons dans le monde rêvé d’Adolf Hitler ! »
En tête de cortège, Dédé, armé d’un mégaphone, a épinglé une étoile jaune à son gilet de la même couleur. Âgé d’une cinquantaine d’années, il est commerçant, à son compte. « Enfin pour le moment ! », souligne-t-il. « Parce que je n’ai pas l’intention de me faire vacciner ! »
Porter cette étoile, il l’assume totalement. À ses yeux, c’est même un symbole fort à propos :
« Nous sommes face à une oligarchie tentaculaire qui prend le pouvoir progressivement. Il ne reste que les démocraties à détruire. Le pass sanitaire, ce n’est rien d’autre que la porte d’entrée de la carte d’identité numérique. Partout en France et dans le monder entier, le modèle chinois va s’imposer. », assène-t-il, évoquant sans détour le fichage biométrique et le contrôle des populations.
Macron a dit que nous n’étions pas dans une dictature. Mais moi, si je n’ai pas bientôt mon étoile jaune 2.0 sur mon téléphone, comme les juifs allemands dans les années 30, je serai interdit de rentrer dans les magasins !
L’homme, passionné d’histoire, de politique et grand lecteur, poursuit : « Les juifs allemands, ils ne savaient pas ce qui les attendait. Moi non plus je ne connais pas la suite du pass sanitaire ! Je sais juste que l’on va dans un monde ou l’humain n’a plus aucune valeur. Identité numérique, euro numérique… Nous allons droit dans une dictature. L’apartheid sanitaire s’installe déjà en France. »
« Mein Kampf était écrit et on n’a rien fait. 1984 de Georges Orwell est écrit aussi, on sait ce qui nous attend. Il est interdit de ne rien faire ! Tout est déjà écrit depuis fort longtemps ! »
À aucun moment, au cours de l’échange, la question de la pandémie n’est abordée. Les doléances de Dédé semblent s’inscrire dans un contexte dépassant le Covid-19. En revanche, il évoque volontiers le régionalisme durant la Seconde Guerre Mondiale et le régime de Vichy :
« Diviser pour mieux régner ! Prenez les régions, créées par Pétain sous ordre d’Adolphe Hitler ! Prenez Walter Hallstein qui a signé le Traité de Rome pour la délégation allemande, avant d’être envoyé aux États-Unis par les services secrets américains pour éplucher son projet de Nouvelle Europe, comme on disait sous Vichy ! C’est simple : nous vivons maintenant dans le monde rêvé d’Adolf Hitler ! »
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